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Sud algérien - Tradition du mariage au Tassili N'Ajjer

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Sud algérien - Illizi - Le mariage au Tassili N'Ajjer

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Les Touareg du Tassili N'Ajjer s'attachent de plus en plus à leurs traditions ancestrales, à travers le raffermissement des liens sociaux dont le mariage, considéré comme le plus «sacré».

Bien que les cérémonials diffèrent d'une tribu à une autre ou d'un groupement rural à un autre, les festivités nuptiales sont soumises aux mêmes rituels puisés du patrimoine culturel ancestral encore préservé par la société du Tassili N'Ajjer, constate entre autres le président de l'association «Lien conjugal» d'Illizi.

Hadj Moulay Djeriri, notable de la région, qualifie cette union de pratiquement communautaire, dans le sens où elle lie des tribus de la même société targuie qui s'attelle à sacraliser cette union, selon un rite maintenu intact par la population touarègue et transmis de génération en génération. Cette relation se manifeste en premier lieu par un rapprochement des familles des fiancés qui œuvrent à trouver un terrain d'accord pour tisser un nouveau lien tribal, avec l'aval des chefs de tribus dont le droit coutumier leur confère la possibilité d'approuver ou de désapprouver cette future union.
Les chefs de tribus s'associent au plébiscite de ce rapprochement familial par la fixation du montant de la dot et l'établissement des conditions d'organisation de la cérémonie nuptiale, en tenant compte des moyens dont disposent les tribus. Selon le président de l'association «Emni», une fois la demande d'alliance formulée, la famille du futur époux s'emploie à fournir les obligations, dont l'offre du «Kaya», partie des charges à fournir par l'époux consistant en un écrin de bijoux d'argent.

Les cérémonies officielles du mariage targui se poursuivront une semaine durant par des festivités riches en couleurs où s'exécutent des chants et des danses au rythme du Tindi, Imzad et d'autres instruments de musique du terroir. Accompagnée d'une dauphine, appelée «Wazir», la mariée est coiffée par un groupe de femmes vêtues de leurs plus belles robes. Les cheveux de l'heureuse élue sont tressés selon une forme rituelle nommée «Imissi».
La mariée doit être, comme toute femme targuie, fardée de produits d'un «make-up» local et parée de bijoux d'or et d'argent assortis des plus belles confections. La cérémonie nuptiale, où dominent chants et danses, donne lieu également à l'organisation de courses de méhari au rythme des tambours, dans des joutes auxquelles prennent part toutes les tribus invitées. Comme à l'accoutumée, le repas (Talebdjat) servi aux convives est composé de viande cameline hachée, suivi du thé préparé au feu de braise.

A ce plat vient s'ajouter le sacrifice, dans la liesse générale, de caprins que l'on propose durant les sept jours de fête, en plus de la distribution d'un autre mets composé d'extrait de dattes et de lait. Entre autres traditions, le marié devra remettre à sa nouvelle «reine» une paire de chaussures en cuir véritable appelées «Agatimène» ainsi qu'une somme symbolique d'argent.

Source Infosoir R.L. / APS

Le Pèlerin


Sud algérien - Bechar - Capitale du sud ouest algérien - ville moderne, est l’une des régions les plus attrayantes du sud

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Sud algérien - Bechar : Aussi loin que porte le regard
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Capitale du sud ouest algérien, Bechar, ville moderne, est l’une des régions les plus attrayantes du sud. Elle est située à 950 kilomètres au sud ouest d'Alger, la capitale. Un décor fait de paysages multiples où s’incrustent, tels les joyaux d’un collier, les palmeraies et les ksour de l’antique cité.
Il ne faut pas se fier à une carte. Pour aller à Bechar, les avions d’Air Algérie  passent par…. Tindouf située près de 900 Kms plus au sud.  La cherté du billet devenu inaccessible à la majorité des habitants fait rabattre sur les bus qui relient la région du sud- ouest au reste du pays.
Ont-t ils vraiment tort ?  Air Algérie a sans aucun doute ses raisons d’ordre économique mais le client ne doit-il pas rester roi ? S’il n’ y a rien à dire sur la gentillesse et la disponibilité du personnel navigant ou au sol, les horaires et l’itinéraire sont par contre pénalisants. L’avion qui permet de gagner du temps devient le meilleur  moyen d’en perdre. Ne croyez pas,  naïfs d’ici et d’ailleurs qu'en une heure et demie, vous pouvez rallier Bechar à partir d’Alger.  
N’est-il pas un tantinet cynique ce «bonne nuit» de l’hôtesse à l’adresse d’un voyageur, qu'on lâche c’est le mot approprié à trois heures du matin. L’entend- il lui qui  pense plutôt comment relier la ville ? S’il peut y avoir encore aux abords de l’aéroport de «clandestins noctambules»  qu'on consent  à payer plus, quel hôtel peut-il vous ouvrir ses portes à cette heure indue?  Quelle famille peut-elleprendre ainsi les risques d’arriver dans une ville où tout est fermé? 
Qui songe encore à l’intérêt du client qu'on trimballe ainsi dans les airs ? Les vols  ne sont prévus que deux fois par semaine au delà de 23 heures.
En principe, avec les retards prévus et acceptés, on débarque à Alger ou Bechar deux heures après. C’est  sans compter sur ce détour par Tindouf qui prolonge le voyage de deux heures supplémentaires, en comptant l’escale. Les bus qui empruntent les routes, même s’ils sont plus longs ont l’inestimable avantage de faire découvrir le pays. Eux au moins, préfèrent durant la nuit, rouler que faire rouler le client.
LE TRAIN DU DÉSERT
Rien n’est plus triste qu'une gare vide. Celle de Bechar n’accueille même plus les locomotives qui, il y a quelques années encore, transportaient céréales et carburants. On n’y entend plus le sifflement du train. Celui qui à partir d’Oran mettait presque une journée pour arriver à Bechar a été supprimé. 
On l’appelait le  train du Farwest. On ne pouvait pas certes le rattraper comme en a couru la légende mais l’ensablement de la voie étroite ralentissait son avancée. Il a été supprimé au début des années 90 pour des raisons de sécurité. 
Seuls  quelques agents sont en poste.  «On nous fait appel souvent  d’Oran, les mécaniciens, les chefs de trains pour  ne pas perdre la main» nous dit l’un d’entre eux. On attend maintenant un train moderne.
Il pourra rouler à une vitesse de 150 à 160 Kms/heure. «La rénovation du rail ici est  le projet du siècle» pour le wali de Bechar. Sur 340 kilomètres reliant la ville à Mécheria, les travaux vont bon train pour moderniser et élargir la voie.
C’est le président de la République qui avait lancé les travaux en 2004. Un groupement d’entreprises étrangères de France, d’Egypte et Cosider est engagé dans ce projet.
Les crues de oued Zoufzana  en 2008 avaient certes  ralenti ensuite le rythme des travaux. 
Des tronçons de rail avaient été emportés par les eaux. «A quelque chose malheur est bon»  tempère le wali qui nous explique que : «depuis, on a tenu compte de ce risque». Sur les 140 kilomètres qui traversent la wilaya de Bechar, il ne resterait plus qu’à  poser des rails sur une distance de 54 kilomètres.
Le ministre des transports, M Tou devra se déplacer le 20 du mois en cours pour inspecter ce projet qui impulsera une dynamique socio économique pour toute la région.  Pour conforter ces ambitions, on compte aussi sur la réception de la cimenterie de Benziregue. Située à 50 Kilomètres au nord de Bechar, elle est réalisée par Sonatrach et un partenaire étranger. Le coût du projet est de l’ordre de 150 millions de dollars.  Elle est destinée à produire 1000 tonnes  de ciment blanc et devrait entrer en production cette année. On compte beaucoup sur ces infrastructures pour fixer davantage de populations dans une région sensible et créer une dynamique économique.
Source Horizons Rachid Hammoudi
Le Pèlerin

Algérie - On massacre des gazelles dans le Sud algérien

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Sud algérien - Les trafiquants l’utilisent pour fabriquer du musc - Le massacre de la gazelle algérienne continuemassacre-des-gazelles.jpg

 

Le braconnage continue dans le sud algérien. Cette fois-ci ce n’est pas les émirs du golfe qui en sont à l’origine. Il s’agit de chasseurs algériens de certaines régions du sud du pays qui se sont lancés dans la traque de certaines espèces animales en voie de disparition. Cette activité, qui est évidemment non autorisée, leur rapporte beaucoup.

Les braconniers œuvrent en accointance avec des contrebandiers spécialisés dans la revente de certaines espèces de la faune à travers des circuits informels.
Selon des sources crédibles, les contrebandiers ont pu transiter frauduleusement, au fil du temps, un nombre important de Rym vers des pays arabes, après les avoir acquis chez des braconniers locaux. Les gazelles capturées vivantes – le grand Rym – sont vendues entre 20 000 et 50 000 DA. Des parties importantes de ce gibier, notamment son crâne, sa corne sont récupérées, dit-on, par les capitaines de l’industrie cosmétique ou parfumerie. Parmi les pays concernés par la contrebande du Rym figurent entre autres la Tunisie, la Libye, l’Arabie Saoudite et notamment la Syrie. D’ailleurs et selon nos sources, Damas est réputée par ses industries développées dans la fabrication de meilleure qualité de musc, réputé à l’échelle internationale.
Le musc syrien est produit, faut-il le souligner, à base d’une matière se trouvant dans le corps du Rym algérien. Les massacres perpétrés quotidiennement contre le Rym, l’absence d’un parc naturel, l’abattage excessif de dizaines d’arbres et plantes notamment ceux constituant les principaux aliments du Rym, mais aussi l’indifférence et la passivité totales des responsables de ce qui s’est passé et ce qui se passe contre cet animal sont les causes primordiales qui ont poussé des centaines de gazelles à fuir le territoire algérien pour se réfugier dans des pays frontaliers notamment la Tunisie et la Libye. Là-bas, nos gazelles ont trouvé de nouveaux pâturages et d’autres bois et elles sont en sécurité.
Il faut souligner que les massacres perpétrés contre le Rym se poursuit d’une façon inquiétante dans les vastes oasis et les déserts du sud-est algérien notamment. Le manque de contrôle par les services concernés a offert aux braconniers, sans scrupules, une aubaine pour s’adonner en toute liberté à la chasse, non autorisée, de cette rare espèce dont le nombre a considérablement réduit. En dépit de la rigueur des textes de loi, les trappeurs ne cessent d’agir au mépris des règles les plus élémentaires de respect de l’environnement et de l’écosystème. Des paysans rencontrés dans certains marchés de bétail à El-Oued ont affirmé avec déception que “auparavant, dans les années 1980/90, il suffisait de parcourir quelques dizaines de kilomètres dans le désert aux alentours d’El-Oued pour observer d’importants troupeaux de Rym éparpillés çà et là, alors que maintenant, on devra sillonner des centaines de kilomètres pour pouvoir apercevoir quelques têtes”.
Selon des sources locales, des braconniers de la région d’El-Oued se lancent dans des parties de chasse à la gazelle à près de 200 km au sud-est de la zone de Hassi-Messaoud.
Les mêmes sources ajoutent que dans des régions communément connues sous les noms de Bir Gharafa, Oglat-Blaïd et Sahn Baraka, des trappeurs pourchassent cette faune à bord de véhicules tout-terrains de type Toyota-Station des dizaines de Rym avec leurs petits.
“Après une course-poursuite, ces animaux essoufflés tombent à même le sol. Le ventre et les poumons de certains d’entre eux ont explosé.” Pour cela, les boucaniers utilisent des fusils de chasse pour abattre des Ryms résistants. Et même les chiens de chasse tels que les “slouguis” sont également utilisés pour rattraper un Rym récalcitrant, selon une source locale.
Il faut dire que les campagnes d’extermination “inédites” de chasse non autorisée ont diminué le nombre de Rym dans la région. Devant cet état de fait, les animateurs de l’Association algérienne du patrimoine, de l’environnement et de la promotion des zones sahariennes (AAPEPZS) d’El-Oued ont tiré la sonnette d’alarme à maintes reprises, mais en vain. Selon son président M. Boughazala Bachir “la chasse outrancière du Rym par des assaillants risque sérieusement d’anéantir le très petit nombre de cette espèce qui continue de résister aux multiples attaques”. Le nombre de Rym vivant dans certains coins des régions d’El-Oued, de Ouargla et d’Illizi ne dépasse pas les quelques dizaines de têtes alors que les troupeaux de Rym, jusqu’en début des années 1990, était important.
Plus loin, le président de l’association (AAPEPZS) déplore que la chasse au Rym se fasse tout au long de l’année et notamment les week-ends, mais le braconnage se multiplie en été qui pousse les Rym, en quête de repos, à rechercher l’ombre et l’humidité sous les arbres.
Ces criminels de l’environnement, pour paraphraser le président de l’association, ne laissent jamais ces animaux jouir tranquillement de leur existence. Les chasseurs profitent de cette période de grandes chaleurs pour perpétrer leurs massacres contre les malheureux Rym, surpris à chaque fois par des véhicules tout-terrains.
Le président de l’association a indiqué que les groupes spécialisés dans la chasse du Rym activent notamment au niveau de Guemar, Debila, Douar El-Ma,
El-Ogla, Robbah et El-Oued.
Pour lui, ces gens sont d’une telle atrocité qu’ils ne reconnaissent ni la période de la reproduction ni celle de la croissance.
Et que les femelles et les petits Rym, âgés de cinq mois à un an, sont souvent la cible de ces chasseurs.
Le bureau d’El-Oued de ladite association a adressé dernièrement une lettre au ministre de l’Aménagement du territoire et de  l’Environnement pour intervenir et protéger la faune dans cette région. “L’association tire la sonnette d’alarme et demande une intervention urgente du ministre pour protéger les zones sahariennes de toutes sortes d’exploitation effrénée”. lit-on dans la lettre. Et d’ajouter : “la situation est extrêmement grave et les zones sahariennes sont devenues la proie de différents actes criminels tels que l’abattage des animaux, des végétaux, des oiseaux et des arbres.” Cette situation, ajoute la lettre, est imputée à l’indifférence et le non-contrôle des lieux concernés par les actes précités.
Avant de conclure, le président du bureau d’El-Oued a signalé que des émirs du golfe se sont adonnés à des parties de chasse à l’outarde houbara, comme c’était le cas il y a deux mois dans le désert nord-ouest d’El-Oued.
Les massacres des braconniers ont poussé un grand nombre de Rym à prendre le chemin des territoires tunisiens et libyens où la chasse est interdite ou bien réglementée.
Selon le président de l’association, le nombre de Rym était dans les années 1990 près de 1,5 million de têtes disséminées d’El-oued jusqu’à Illizi. Ce nombre ne dépasse pas actuellement les 200 000 têtes.

Source Liberté Mohamed S. / Hanafi H.

Le Pèlerin

L'Algérie et le respect de la Femme

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Sud algérien - Elles sont attaquées de nuit par des jeunes encagoulés : Chasse aux femmes vivant seules à Hassi Messaoud

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Parce que justice n’a pas été rendue aux victimes des violences d’El Haïcha, à Hassi Messaoud, en juillet 2001, des dizaines d’autres femmes vivent, non loin des mêmes lieux, un véritable cauchemar. Depuis quelques semaines, chaque soir elles subissent le pire. Constitués en bandes organisées, des jeunes hommes encagoulés munis de sabres, couteaux haches et bâtons fracassent les portes et investissent leurs maisons. Ni les cris, ni les pleurs des enfants, ni les supplications des vieux ne font reculer les assaillants dans leur sale besogne. Battues, menacées de mort, les victimes sont délestées de leurs bijoux, argent, téléphones portables et de tout objet ou équipement électroménager de valeur.

Depuis deux semaines, chaque soir, le scénario de l’horreur se répète, face à l’impuissance ou l’inertie des services de police, alors qu’un commissariat se trouve à quelques centaines de mètres de ce quartier situé dans la ville pétrolière censée être la plus surveillée du pays. Les maisons ne sont pas choisies au hasard. Elles sont repérées dans la journée, puis mises à sac la nuit. La plupart sont habitées par des femmes originaires du nord, qui vivent loin de leurs familles. Rares sont celles qui déposent plainte, car les plus téméraires ont payé cher leur acte. Elles ont fini par abandonner leur domicile, errant d’un quartier à un autre à la recherche d’un lieu plus sûr. Rencontrées sur place, les témoignages de certaines d’entre elles font froid dans le dos et font craindre le pire. Terrorisées, les victimes ont toutes refusé de révéler leur identité. « C’est la misère qui nous a fait faire des centaines de kilomètres à la recherche d’un emploi pour nourrir nos familles.

Nous ne voulons pas perdre le pain de nos enfants. Nous voulons juste gagner notre vie avec dignité et dans la sécurité. Nous sommes des citoyennes au même titre que les autres,et nous avons droit d’aller n’importe où pour travailler », déclare Souad, âgée d’une trentaine d’années. Lorsque nous lui avons rendu visite, dans sa maison du quartier des 36 logements, elle a mis du temps à nous ouvrir la porte. Elle venait de rentrer chez elle après avoir fait le tour des maisons de ses copines, sur le boulevard, au cœur même de la ville. Notre identité déclinée, elle exprime son « grand soulagement ». Cela fait plus d’une semaine que sa sœur et elle vivent un « vrai cauchemar ». Une bande de cinq à six jeunes enturbannés ont fait irruption chez elles au milieu de la nuit de mercredi à jeudi. « On nous avait déjà parlé de femmes ayant été agressées dans leur maison, mais je n’y ai pas cru. Je n’aurais pas pensé qu’un jour je serais une des victimes », raconte Souad, l’aînée d’une famille de trois filles et un garçon. Cela fait dix ans qu’elle travaille à Hassi Messaoud. Sa sœur cadette, avec laquelle elle partage le logement en parpaing constitué d’une pièce-cuisine, semble très fatiguée. Elle vient de subir une opération chirurgicale. En cette nuit de jeudi, les deux filles, leur jeune frère et leur mère venus leur rendre visite de très loin, ignoraient que le pire les attendait. Tous dormaient profondément lorsqu’ils ont brusquement été réveillés par de violents coups donnés à la porte d’entrée métallique. Avant même que Souad ait le temps de se mettre debout, déjà trois hommes encagoulés, surgissaient dans la pièce. « Lorsque je me suis réveillée, j’ai vu le viseur d’un téléphone portable se fixer sur mon visage. J’étais terrorisée. Ma sœur criait et ma mère suppliait les assaillants de ne pas nous toucher. L’un d’eux m’a bloquée contre le mur en m’enfonçant un tournevis dans le ventre. Il m’a enlevé ma chaîne en or, mes bagues et mes boucles d’oreilles. Ils avaient tous un accent du sud-ouest. Il m’a interdit de crier et j’étais comme paralysée, jusqu’au moment où il a commencé à relever ma jupe. Je le suppliais, mais il était comme drogué. Il puait l’alcool, tout comme ceux qui étaient avec lui. Ma sœur malade n’arrivait pas à se lever, ils lui ont demandé son téléphone portable, alors que ma mère a été délestée de sa bague en or avec violence. Son agresseur l’a obligée à l’enlever en maintenant le couteau collé à sa main, laissant une bonne entaille. Nous avons crié de toutes nos forces et l’un d’eux, dans sa fuite, a laissé tomber la serviette qui recouvrait son visage. Un visage que je garderais en mémoire toute ma vie. Les cinq ont pris la fuite lorsque les voisins ont ouvert leurs portes en entendant nos cris », témoigne Souad. Elle dénude son abdomen pour nous montrer la cicatrice, longue de quelques centimètres, laissée par le tournevis.

Elle raconte que les voisins disent tous n’avoir reconnu aucun des agresseurs, mais elle sait, au fond d’elle-même, qu’ils ne peuvent être étrangers au quartier. Toute la famille a couru vers le commissariat, mais ses portes étaient fermées. « Nous avons frappé à la porte et un policier nous a orientés vers la sûreté de daïra.J’ai commencé à hurler. Là, il m’a ouvert la porte et m’a fait entrer pour m’entendre et faire un procès-verbal. Une photo de ma blessure a été également prise, mais ce n’est que le lendemain que les policiers sont venus à la maison pour constater le vol. Lorsque je lui ai dit qu’ils nous ont volé tous nos biens, l’équivalent de plus de 100 000 DA entre bijoux et téléphones portables », l’officier m’a déclaré : « Estimez-vous heureuse. La femme qu’ils ont volée il y a quelques jours est à l’hôpital. Ils l’ont violée à cinq, la laissant dans un état de choc ». « Il nous a fait comprendre qu’il ne pouvait rien faire », révèle la sœur de Souad. Les policiers lui demandent de ne pas suspendre sa ligne téléphonique dans l’espoir de localiser les voleurs et de les arrêter. Mais ces derniers, encouragés par l’’impunité qui règne dans cette ville, utilisent sa puce pour appeler d’autres victimes. Durant des jours, ils les menacent de mort et profèrent des obscénités à leurs contacts dont les numéros ont été récupérés de la mémoire de la puce.

« Ici, les policiers ne protègent pas les femmes »

Souad ne peut plus supporter la situation. Au bout de cinq jours, elle décide de suspendre sa ligne et de quitter, elle et sa famille, la maison. Sa mère est repartie terrorisée chez elle, alors que les deux femmes se sont installées chez une amie, jusqu’à il y a deux jours. Elles nous montrent un couteau de boucherie qu’elles ont acheté pour se défendre. « Ici, la police est absente et nos plaintes sont toujours restées sans suite », dit-elle. Selon elle, le lendemain de l’attaque, au commissariat « de nombreuses femmes sont venues se plaindre. Elles ont toutes subi le même sort que nous. Elles ont été volées, tabassées et humiliées par le même groupe de voyous. Plusieurs d’entre elles étaient blessées. Et c’est là que j’ai entendu parler de cette fille de Saïda retrouvée assassinée il y a quelques mois. Une autre avait été retrouvée tuée, dans sa maison, il y a trois ans. Mais les auteurs de ces crimes n’ont jamais été arrêtés.

Le nombre de plaintes de femmes agressées sont les plus importantes au niveau des commissariats, et ce sont les policiers qui nous ont confirmé cette vérité », dit-elle. Parmi elles Hadda, la trentaine passée. Elle aussi a résidé dans le quartier des 36logements. Elle aussi est devenue une sans domicile fixe depuis cette nuit terrifiante de jeudi à vendredi. C’était presqu’au lever du jour. Elle dormait, avec sa fille et son petit garçon, lorsqu’elle a été réveillée par le bruit assourdissant de coups de pieds donnés à la porte d’entrée. C’était la troisième tentative d’attaque. La nuit d’avant, ce sont les cadenas de la première porte qui ont été cassés, mais les agresseurs se sont enfuis en entendant les voisins sortir dans la rue. Hadda a renforcé les serrures et décidé d’aller passer la nuit ailleurs. Fort heureusement pour elle, puisque les assaillants reviennent à la charge en son absence. Ils escaladent le mur et pénètrent dans la cour de la maison. Ils cassent les cadenas de la deuxième porte et mettent la maison à sac. Ils prennent tout ce qui a de valeur. Hadda revient dans la journée du jeudi, remet d’autres serrures et décide de ne pas laisser sa maison vide, pensant que les auteurs avaient pris ce qu’ils cherchaient. Pour son malheur, cette nuit-là, ils sont encore plus nombreux. Elle est leur cinquième victime dans le quartier. La voisine de Hadda a vécu les pires moments. Après avoir arraché la porte, les voyous ont investi les lieux qu’ils ont laissés en ruines. La voisine, terriblement affectée, brûlée à la main et à la jambe, a fini par abandonner son gîte. Le lendemain matin, lorsque Hadda est revenue, elle a trouvé la maison vide, les affaires personnelles de son amie jonchant le sol. Elle a fermée les portes et décidé de s’enfermer chez elle.

A la nuit tombée, les criminels reviennent sur les lieux. « Après plusieurs coups, la porte a cédé. Ils puaient l’alcool et certains n’arrivaient même pas à parler. L’un d’eux, armé d’un couteau, m’a braquée contre le mur et a exigé que je lui donne ma chaîne en or. Un deuxième est arrivé. J’étais comme paralysée. Ils me tiraient par les bras pour me faire sortir dehors. Je me suis agrippée au mur en les suppliant de m’épargner. J’étais prête à leur donner tout ce que j’avais comme économies et bijoux, pourvu qu’ils ne me salissent pas. Ce n’étaient pas des voleurs mais des terroristes. » « J’ai été au commissariat du quartier et là j’ai trouvé de nombreuses femmes venues, elles aussi, se plaindre d’agressions. Certaines, blessées, étaient dans un état lamentable. Les policiers ne faisaient que prendre nos témoignages. Je leur ai demandé pourquoi ils n’arrêtaient pas les auteurs. Vous savez quelle a été la réponse de l’officier ? ’’Savez-vous qui sont ces jeunes ? Qui vous dit que moi, le policier, je ne suis pas avec eux ? Le matin, je mets ma tenue pour aller travailler et le soir je mets un turban autour de mon visage et j’agresse les femmes qui résident seules’’. Ces phrases m’ont choquée. J’ai compris que je n’avais rien à faire au commissariat. Je suis sortie et j’ai appelé mon cousin. Il est venu le lendemain. Il est avec moi, en attendant que je trouve une autre location ailleurs. » « Je travaille pour faire vivre mes enfants. Si j’avais trouvé un emploi dans ma wilaya, je ne me serais jamais exilée. Pensez-vous que c’est facile de vivre loin de sa famille ? Pourquoi une femme qui travaille dérange-t-elle ? A Hassi Messaoud, les policiers ne protègent pas les femmes. Leurs préoccupations sont ailleurs ».

Des interrogations qui reviennent dans la bouche des nombreuses autres victimes rencontrées, comme Fatma, par exemple, dont le visage laisse transparaître une fatigue intense due à des nuits sans sommeil. Cette jeune femme de 27ans, orpheline de père, travaille pour nourrir ses sept frères et sœurs dont elle est l’aînée. « Je suis native d’un village réduit en cendres durant le terrorisme.Etant l’aînée, je n’ai jamais été à l’école. La mort de mon père a été un désastre pour la famille, parce qu’aucun d’entre nous n’avait un niveau ou une qualification pour décrocher un emploi. Ma mère est femme de ménage à la commune, et moi je fais la même chose ici, à Hassi Messaoud.Sauf qu’ici, les sociétés étrangères paient mieux leurs employés. Avec deux salaires, nous arrivons à assurer la scolarité de mes deux frères et deux sœurs et à avoir une vie plus ou moins décente. Cela fait cinq ans que je suis à Hassi Messaoud. Je partage mes deux pièces avec une autre femme, mère de famille. Jamais je n’aurais pensé qu’un jour je vivrais un tel cauchemar », lance-t-elle d’une voix entrecoupée de pleurs. En cette nuit de jeudi, elle dormait profondément.

Elle avait entendu parler des attaques nocturnes contre les femmes qui résident seules, mais elle pensait qu’elle ne serait jamais parmi les victimes, parce qu’elle était appréciée et respectée au quartier des 40logements. « Pour moi, c’était le choc. Au deuxième coup de pied, la porte d’entrée a cédé. Ils étaient cinq ou six, encagoulés et armés de couteaux, de sabres, de haches de boucherie et de barres métalliques. J’étais comme tétanisée. Les cris de ma colocataire ne les ont même pas dérangés. Ils étaient comme sous l’effet de la drogue. Ils m’ont délestée d’une bague que je portais et qui n’était même pas en or, puis de mon téléphone portable et de quelques objets, comme la cafetière électrique, le démo, une petite chaîne hifi, etc. J’avais très mal au bras parce que l’un deux me l’avait mis derrière le dos, en pointant ce dernier avec un couteau. J’ai essayé de me débattre, un autre, armé d’un sabre, m’a lancé : ’’Tu bouge tu meurs, sale p…’’ J’ai maudit le jour où je suis venue au monde. Je ne suis pas une prostituée. Je suis une femme sans ressources qui aide sa famille à vivre dans la dignité. Mon père m’a donné une éducation qui m’a permis de ne jamais quémander le pain, mais d’aller le gagner à la sueur de mon front », raconte Fatma, avant d’être interrompue par les sanglots. Fatma dévoile son dos pour montrer une entaille de quelques centimètres, puis son bras et son sein marqués d’ecchymoses. « Qu’ai-je fais pour mériter cette torture ? La police ne nous protège pas. Lorsque j’ai été me plaindre au commissariat, au début, les policiers ne voulaient même pas prendre ma déposition. J’ai commencé à crier et c’est là que l’un d’eux a fini par me lancer une phrase assassine : ’’Que voulez-vous que l’on fasse ? Vous n’avez qu’à aller ailleurs ! Retournez chez vous par exemple, vous serez plus en sécurité. Ici, c’est dangereux pour des femmes comme vous !’’ Est-ce des propos à tenir à des victimes de violences qui viennent se plaindre ? N’avons-nous pas droit à la sécurité comme tous les autres citoyens ? Regardez ce que j’ai acheté aujourd’hui : une bombe lacrymogène pour me défendre. J’ai déjà un couteau et si je trouve une arme, je suis prête à l’acheter pour défendre mon honneur et ma dignité. A Hassi Messaoud, l’Etat ne me protège pas », crie Fatma.

« Rentrez chez vous, ici c’est dangereux pour les femmes »

La sensation d’avoir été humiliée à deux reprises, d’abord par ses agresseurs puis par les policiers, la tétanise. Elle ne dort plus, change souvent son itinéraire pour aller au travail parce qu’elle sent qu’elle est suivie partout. Elle a pu voir le visage d’un des agresseurs et elle se sent en danger. Ses amies sont à ses côtés. Elles viennent lui proposer de déménager vers un F2 trouvé au centre-ville, dont le loyer, 25000 DA, sera partagé à cinq. Fatma, les larmes aux yeux, a du mal à accepter d’abandonner une maison dont le propriétaire a déjà pris six mois d’avance à compter de 5000DA, elle dont le salaire est compté au dinar près pour financer les dépenses de la scolarisation de ses frères et sœurs. Durant deux nuits de suite, les deux quartiers ciblés par les attaques ont renoué avec le calme. Nos va-et-vient entre les ruelles non éclairées ont suscité la suspicion chez les groupes de jeunes adossés aux murs à chaque coin de rue. Ce sont peut-être des agresseurs qui attendent le moment propice. Notre présence, en véhicule banalisé, les a peut être freinés. La rumeur sur notre passage a déjà fait le tour. Saïda, Nadia, Salima, Amriya, Soumeya et de nombreuses autres femmes nous demandent de partir de peur de subir des représailles.

Elles en sont à leur deuxième tragédie après celle vécue à El Haïcha, qui porte bien son nom. El Haïcha, « la bête », est situé à quelques encablures des cités des 36 et 40 logements où, en juillet 2001, plusieurs dizaines de femmes ont été torturées, lapidées, violées, enterrées vivantes par une horde de jeunes chauffés à blanc par l’imam, en plein milieu de la nuit. Blessées physiquement et touchées dans leur dignité, les victimes n’ont, à ce jour, pas obtenu leur droit à la justice. De nombreux agresseurs vivent tranquillement chez eux, protégés par les leurs, souvent des notables aux traditions très conservatrices qui n’acceptent pas que des femmes habitent seules au milieu des leurs ou qu’elles « arrachent le travail des hommes ». Les assauts répétés contre leurs maisons sont pour eux « une expédition d’épuration » que même les services de sécurité ne peuvent empêcher. Une réalité qui se confirme sur le terrain. Depuis près d’un mois, les femmes des quartiers des 36 et 40Logements vivent l’enfer. L’inertie des services de police fait craindre le pire en ces lieux livrés à des bandes organisées de délinquants aux visages masqués. A ce rythme, si les pouvoirs publics n’interviennent pas, un autre drame beaucoup plus grave que celui d’El Haïcha pourrait avoir lieu. Et là, l’entière responsabilité incombera aux autorités dont la mission principale est d’assurer la sécurité des biens et des personnes, des citoyens et citoyennes algériens, et non pas uniquement celle des étrangers, très nombreux dans cette région du pays.

Source El Watan Salima Tlemçani

Le Pèlerin 

Réchauffement climatique - Avec quatre degrés de plus, une planète méconnaissable

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L’impact sur l’agriculture en Afrique subsaharienne serait «épouvantable», estime Philip Thornton, de l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI).

La forêt amazonienne partiellement réduite à l’état de maquis, des côtes et deltas d’Asie submergés, des incendies en Australie et des centaines de millions de personnes contraintes à l’exil: avec quatre degrés de plus, la planète serait méconnaissable. Le chiffre n’est pas tiré d’un scénario de science fiction. Il est issu des travaux du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec), qui estime que la température moyenne de la planète pourrait grimper de +1,1 à 6,4°C d’ici à 2100, avec une valeur moyenne «plus sûrement comprise» entre +1,8 et +4°C. «Quatre degrés, ce n’est pas une projection apocalyptique, c’est une projection vers un monde très probable si on fait ne rien», résume, laconique, le climatologue français Hervé Le Treut. Cette barre, qui pourrait être franchie, dans le pire des scénarios, dès 2060, selon une récente étude du Hadley Center britannique, fait l’objet d’une attention croissante: une centaine de scientifiques se sont réunis pour la première fois, fin septembre à Oxford, sur ce thème. Leurs travaux rappellent d’abord que cette température moyenne dissimule de gigantesques variations régionales, avec une envolée du thermomètre pouvant aller jusqu’à + 15 degrés en Arctique et une chute de 20% des précipitations annuelles dans de très nombreuses régions du monde.
L’impact sur l’agriculture en Afrique subsaharienne serait «épouvantable», estime Philip Thornton, de l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI), dont l’étude prévoit par exemple une baisse des rendements de 50% d’ici 2090 en Afrique de l’Est sur certaines cultures. En Chine et en Inde, qui sont les deux premiers producteurs mondiaux de riz, les changements profonds de la mousson pourraient provoquer une succession rapide de saisons extrêmement sèches et extrêmement humides, provoquant des bouleversements agricoles majeurs. Quel impact sur les écosystèmes et la biodiversité, tissu vivant de la planète? «Ce serait le chaos», estime l’économiste indien Pavan Sukhdev. «Un changement complet dans la façon dont les espèces vivent et survivent», explique-t-il, mentionnant la mort pure et simple des récifs coralliens dont «500 millions de personnes à travers le monde dépendent pour manger et gagner leur vie». A +4 degrés, la montée des eaux, pourrait, selon nombre d’études, dépasser un mètre d’ici la fin du siècle. Combinée aux questions d’insécurité alimentaire, de réduction d’accès à l’eau douce et de dégradation des sols, cette hausse significative du niveau des océans entraînerait inévitablement des déplacements massifs de populations. «A +4°, on est sur plusieurs centaines de millions de personnes qui seraient contraintes de se déplacer», explique François Gemmene, de l’Institut du développement durable et des relations internationales. Dans cette hypothèse, il deviendrait impératif de faciliter les phénomènes migratoires pour «rebattre les cartes de la distribution de la population à la surface du globe», estime-t-il, mettant en garde contre «les déplacements de dernière minute et les fuites désespérées». Face à ces prédictions alarmantes, les scientifiques rappellent à l’unisson que ce scénario sombre peut encore être évité, mais qu’il faut agir très vite avec un objectif en tête: diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
Source l’Expression R.I.
Le Pèlerin

Les Amours du Sud Algérien

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Sud algérien – Tamanrasset - Communauté européenne

Une idylle recherchée

touareg

 

La nouvelle circule comme une traînée de poudre dans des milieux féminins dans plusieurs pays de la Communauté européenne. De bouche à oreille, il est dit que la région du Hoggar est un gisement d’hommes libres.

Les Touareg sont réputés vigoureux, peu exigeants, fidèles amoureux et non corrompus par les temps modernes. Des mecs d’une rare épaisseur humaine… Et toutes ces qualités se perdent chez l’homme moderne. Ces discrètes confidences qui relèvent du renseignement sont prises au sérieux par de nombreuses femmes à la recherche de l’Amour avec un grand « A » dans les bras vigoureux d’un homme bleu à saisir dans cette immensité désertique du Sahara. La jeune Corinne qui travaille dans une agence parisienne de tourisme gère près de 5000 passagers par an aux deux destinations de Tamanrasset et Djanet, à raison de deux vols hebdomadaires. Les débuts de cette entreprise étaient modestes. Mais depuis la béatification du père de Foucault, Tamanrasset devient une destinée de tourisme religieux. Les pèlerins arpentent à pieds la côte de l’Assekrem et les amoureux de la nature découvrent « le plus grand musée du monde à ciel ouvert » dans le parc de Djanet. Dans cette masse de touristes, il y a de nombreuses candidates au mariage qui viennent de Hollande, de Suisse, d’Allemagne, de France et surtout de Belgique. Le nombre de ces femmes est significatif pour justifier un regard particulier et une prise en charge adaptée. Corinne se défend d’être une agence matrimoniale déguisée pour le rapt d’innocents Touareg. Elle précise que les candidates au mariage se recrutent majoritairement dans les professions libérales. Courageuses jusqu’à la témérité, elles bravent les tempêtes de sable, les distances et par-dessus tout, elles affrontent avec une certaine audace l’administration pointilleuse de nos consulats pour la délivrance du visa. C’est l’exemple de cette jeune Franco-Japonaise qui a convolé en justes noces avec un Targui. Elle a trouvé son bonheur dans l’austérité de la vie de nomade et transhume désormais entre le Niger et l’Algérie. Son sage mari qui préfère sa vie de nomade ne veut pas quitter son immense paradis. La jeune femme qui a su montrer de réelles qualités d’intégration, partage sa vie entre l’Europe où elle exerce son métier de journaliste et le Sahara où elle vit la sensation de l’absolu et aide son mari dans le commerce des chameaux. Il paraît que l’amour rend fou. Pour ce qui est de la folie, un Targui en a payé la rançon en région parisienne. Depuis son mariage et son « transfert » en France, il lui était interdit par sa femme de quitter le domicile. Il s’est retrouvé séquestré dans un F3. Jalouse, sa belle Joséphine ne pouvait consentir à le laisser libre et livré au danger des regards d’autres femmes… Son beau Targui, elle le voulait sans partage. Jusqu’au jour où des amis sont venus à son secours. Délivré, enfin, il est retourné dans le Hoggar. Celui-là n’est pas prêt à repartir en Europe.

Source El Watan

Le Pèlerin

Algérie - Le Sud est toujours fascinant

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Sud  algérien - Kenadsa

La baraka du Cheikh Sidi M’hamed Ben Bouziane

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Situé à 22 km de Bechar, la ville de Kenadsa était autrefois une importante zaouïa relevant de la confrérie des Ziana. Lors de notre visite en ce lieu sacré, fondé il y a environ 8 siècles, nous avons fait une halte devant la tombe du père spirituel Sidi M’hamed Ben Bouziane, décédé le 11 Ramadan 1145 de l’hégire à l’âge de… 117 ans !. Un savant connu par sa sagesse et ses connaissances en géographie et en physique. Sa tombe et celles de ses trois fils sont situées dans un coin de la vieille mosquée. La Zaouïa reçoit moyennement 15 000 visiteurs par an, qui viennent en pèlerinage.
Le président de la République Abdelaziz Bouteflika qui donne beaucoup d’importance à ces lieux de culte s’est rendu deux fois à la zaouïa ziania, en février 2004 et août 2005. Actuellement, ce lieu saint est pris en charge par un des descendants de Cheikh Ben Bouziane. Ce dernier nous confie que ce sont ses ancêtres qui ont donné à cette ville le nom de "Kenadsa" appelée jadis "El Aouina". C'était une petite source d’eau qui servait à l’irrigation des palmiers et pour boire. Elle était connue également sous le nom de "Mouileh", car l’eau de source qui coulait au centre de Ksar était un peu saumâtre. Si l’on se réfère à notre guide, la région ne souffre guère de la rareté d’eau.

Le barrage situé à 35 km de Bechar est considéré comme le plus grand en Algérie. La longueur de cours d'eau est d’environ 550 km. A "Igli", il rejoint les oueds Béchar et Zousfana pour former l'oued Saoura. La première pierre de ce barrage, d’une capacité de 57 millions de m3 d'eau a été posée en 1965, par le président Houari Boumediene. Sa construction a duré 6 ans. Présentement, il pourvoit Kenadsa et Béchar ainsi qu’Abadla. Kenadsa a d’autres spécificités. Le visiteur ne pourra en aucun cas rater le grand wagon cloué au sol. Un souvenir laissé par les mineurs qui travaillaient dans une importante exploitation de charbon. La découverte de la mine date de 1906. L’auteur est un homme qui s'appelait "Abdessadek". Croyant que cette terre n’était pas normale, il porta un échantillon au Cheikh de la Zaouïa.

L’échantillon est vite envoyé au laboratoire d'analyse minière de Aïn Sefra. Les analyses montreront que c'est du charbon. La première utilisation remonte à 1917. C’est une entreprise française des chemins de fer qui a été la première à utiliser ce minerai. Ainsi, dans les années cinquante l’administration française fondait l’entreprise houillère du Sud oranais (H.S.O) exportant le produit à plusieurs pays européens comme l’Espagne, l’Italie, la France. Les travailleurs de Kenadsa ont longuement souffert.

Les enfants ainsi que les vieux ont été atteints par des maladies chroniques. L’entreprise a continué à polluer l’environnement jusqu'à sa fermeture en 1962. Cette ville à plusieurs facettes est connue, également, par ses ksour classés patrimoine national et ses modestes bibliothèques. A ce niveau, des pancartes sur lesquelles nous pouvons lire l’histoire de la région, sont placardées tout autour d’une salle.

L’une d’elle attire notre attention. Elle comporte l’arbre généalogique des tribus du sud-ouest algérien. Les Beni Hillal, Ouled Sidi Boudkhil de Aïn Sefra, les ouled Sidi Chikh ainsi que les marabout de Kenadsa qui dit–on sont des descendants du prophète Ibrahim.

Kenadsa est sortie de l’anonymat grâce à ses enfants artistes et intellectuels à l’image de Yasmina Khadra et Malika Mokadem, sans oublier l’artiste Alla dont la musique s’égrène en sonorité thérapeutique. Une musique qui nous a bercés tout au long de notre séjour

Source Horizons

Le Pèlerin 

Sud algérien - Tamanrasset, l'Assekrem, le Père de Foucauld, Le Père Edouard..et les Touaregs....un monde fascinant

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Sud algérien - Une escale dans le grand sud algérien - Sur les traces des Touareg de Tam
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L'Assekrem..Un peu de brume le matin...Dommage...!!!
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Votre serviteur à l'Assekrem
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Votre Serviteur avec le Père Edouard
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Antone Chalelard écrit la vie du Père De Foucauld

On a du mal à détacher notre regard des paysages. L’Assekrem nous fait plonger dans une autre dimension. Charles de Foucault qui a établi son ermitage en fait une description fidèle : « La vue est plus belle qu’on ne peut le dire ni l’imaginer.
Rien ne peut donner une idée de la forêt de pics et d’aiguilles rocheuses qu’on a à ses pieds, c’est une merveille, on ne peut la voir sans penser à Dieu. » En effet, les visiteurs qu’on a rencontrés ont de la peine à détourner leurs yeux de cette vue admirable, dont la beauté et l’impression d’infini rapprochent tant du créateur. Quel bonheur d’assister au coucher de soleil lorsque la boule rouge caresse les montagnes avant de disparaître progressivement ! Certains ont eu le courage de se lever dans le froid vif et la nuit sombre pour aller voir le lever du soleil. Trois pères de l’ordre des Petits frères de Foucauld (un Espagnol, un Polonais et un Français) vivent encore là-bas, s’occupant d’observer le ciel pour la science et de prier Dieu pour les hommes. Une chapelle très simple a été bâtie ici : un autel de basalte, un toit de roseaux, point de bancs ni de chaises mais des tapis au sol. A côté, une petite bibliothèque contient des livres religieux et des ouvrages sur le Sahara. « Il n’est pas venu pour s’isoler mais pour la rencontre. A l’Assekrem, il a trouvé ses trois amours : Dieu pour la prière, les hommes pour le partage et la nature pour la contemplation », nous déclare l’un d’eux.
Pére Edouard est le plus ancien, il a la double nationalité (algérienne et française) et il est là depuis 37 ans avec comme principale activité l’accueil. Il a une retraite algérienne et avec cette petite somme, les trois « hommes de Dieu » vivotent. Tous les 15 jours, les techniciens de la météo changent et ils les ravitaillent. L’ermitage accueille 12 000 touristes par an dont la moitié sont des Algériens. Les touristes éprouvent un besoin de solitude et de recueillement, c’est pour cela qu’ils viennent ici précisément pendant cette période de l’année. L’un d’eux, un ancien appelé français pendant la guerre d’Algérie qui a servi dans les Aurès, a affirmé : « Vous avez l’un des plus beaux déserts du monde. Les paysages sont multiples et aucune région ne ressemble à une autre. » Sa femme hoche la tête : elle partage son sentiment. « Nos voyageurs qui s’y sont aventurés n’ont maintenant qu’une envie : y retourner », témoigne Maurice Freund, président du Point-Afrique. Chérif Rahmani, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme, définit le Sahara comme « ces espaces immenses, austères et féeriques à la fois où le Créateur y a semé les premiers germes de la vie et fait pousser les bourgeons de l’humanité ». Le Sud algérien est une pure merveille, et pour faire partager cette émotion, Samsung Algérie a invité un groupe de journalistes à une escapade à Tamanrasset. Il s’est imprégné durant tout le séjour de ces lieux qui intriguent et attirent. Le thé nous attend partout, à toute heure. On tente d’oublier les problèmes de connexions à internet, de faibles débits et de couverture de réseau. Certains s’amusent néanmoins à chercher le « champs » ou l’ombre d’une BTS, d’autres utilisent leurs appareils photos numériques pour garder des souvenirs de ce voyage. Mobilis est de l’avis général le réseau le plus déployé dans le désert. « Logique, car les deux autres opérateurs sont obligés de compter leurs sous avant d’investir le moindre centime dans ces coins reculés alors que Mobilis a l’obligation de service public », explique notre chauffeur de 4X4. Au marché africain l’Assihar, on trouve de tout, mais la qualité n’est pas au rendez-vous. On y vend des téléphones portables made in China, des recharges, de l’électroménager, des parfums, des tissus et de la marchandise malienne et nigérienne. Les week-ends, on se bouscule, souvent en famille, pour trouver la bonne affaire. Des jeunes, visiblement au chômage, grillent cigarette sur cigarette dans les cafés.
La traversée du désert
Dans certains endroits suintent l’ennui et l’oisiveté. Tout le monde traîne et semble occupé à ne rien faire. La majorité vit de petits boulots et de débrouille, sans pouvoir se projeter dans l’avenir. « Une traversée du désert qui dure », ironise un jeune au teint basané. Les agences de voyages mettent le paquet pour glaner le maximum de commandes car la saison touristique au Sud ne durera que jusqu’à mars. Mais qui sont réellement leurs clients ? En fait, elles reçoivent actuellement des groupes de touristes, et après le réveillon, elles prennent en charge des chefs d’entreprises ou de multinationales qui veulent l’immersion dans le désert. C’est une clientèle au fort pouvoir d’achat et qui peut se permettre de louer un 4X4 pour 5000 DA/jour pendant une semaine. Dans ce cas, il s’agit de circuits touristiques (petites ou grandes boucles) avec marches avec chameliers, repas préparés par un cuisinier et nuits sous la tente ou à la belle étoile. Autre attraction : le tombeau de Tin Hinan dans la commune d’Abbalissa (90 km de Tamanrasset). Cette région est une vraie oasis en plein désert par ses ressources hydriques. Nous sommes allés sur les traces de cette reine, mère des Touareg. Le monument de Tin Hinan est unique dans tout le Sahara central et se distingue par ses dimensions : 26,25 m de grande axe et 23,75 m de petit axe et par ses structures complexes : chambres, déambulatoire et chouchets. Le tracé de l’enceinte est piriforme, ce dernier comporte 11 chambres de formes et de dimensions différentes dont deux constituent le patio et une comprend la chambre funéraire. C’est en décembre 1925 qu’a été fouillée la sépulture du monument d’Abbalissa, et il a été mis au jour un squelette humain paré de bijoux et accompagné d’un riche mobilier archéologique.
La mission comprenait des préhistoriens du Logan Museum Debeloit (Etats-Unis) et du Musée du Bardo à Alger. La seconde campagne de fouilles a eu lieu en 1933. Les travaux ont été étendus à tout le monument. 10 salles ont été dégagées et d’autres objets archéologiques ont été découverts. Durant notre séjour, nous avons pu avoir une idée sur la gastronomie touareg. Les repas sont à base de dattes, de fromage et de taguella (pain traditionnel cuit dans le sable). Le déjeuner est généralement un repas froid, composé de salade à base de légumes frais locaux, pâtes, riz, thon et fruits. Le dîner se compose de plats chauds : soupe, viande, légumes, pâtes, riz et fruits. Le thé est un véritable rituel d’accueil et de détente, on en boit non pas un, mais trois verres. Le premier thé est fort, juste les feuilles infusées, un verre est rempli puis versé et reversé dans les autres verres. Tout l’art réside dans la manière de verser le thé de très haut, créant une cascade de liquide s’étirant parfois jusqu’à un mètre pour en couper l’amertume et en favoriser la mousse. Puis on remet l’eau de la théière à chauffer en ajoutant de la menthe et du sucre ; le troisième suit le même processus, ainsi, la teneur en théine est de plus en plus faible. Tamanrasset nous a donné le goût de l’aventure, elle nous ouvre l’appétit pour aller à la conquête du Grand Sud, une mosaïque de peuples et de cultures. Il faut se présenter sans préjugés particuliers avec simplement le désir de rencontrer des hommes, leur sourire est doux comme l’aurore et leur beauté resplendit comme le soleil...
Source El Watan Kamel Benelkadi
Le Pèlerin


Ghardaïa capitale du M'zab

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Visite guidée à Ghardaïa  

L’incontournable escale

 

 

 

 

Ghardaïa, vous serez sûrs de ne rien manquer de tout ce qui fait le charme d’une ville impériale. D’un côté, il y a le désert et ses interminables étendues ocres. De l’autre, Ghardaïa avec son minaret qui perce le ciel pur.  

Sur une colline perchée et nichée au cœur de sa splendide palmeraie, Ghardaïa se déploie dans un festival d’architectures qui témoignent de son histoire millénaire. Ses concepteurs ne furent ni architectes ni urbanistes, ils n’ont jamais côtoyé les universités faiseuses de bâtisseurs. Ils n’avaient que des mains expertes. Armés de volonté, ils ont bâti pierre par pierre pour faire d’un territoire que la nature ne dorlotait point, un petit coin de paradis, dont la simple évocation est déjà une évasion. Le visiteur restera émerveillé devant le génie scintillant d’hommes qui n’avaient que leur courage à faire prévaloir sur des terres stériles et arides. Le M’zab, et plus particulièrement Ghardaïa, apporte au tourisme plus qu’aucune autre région. Un génie qui s’est déployé au Xe siècle. 

 

Ghardaïa est née 

 

Son histoire commença à ce moment-là par Daïa la bédouine, qui, à tout hasard, rencontra Cheikh Baba Ould Djenima et s’accordèrent une pause tendre qui aboutit à une chaude accolade qui les unit à tout jamais. C’est la destinée de cette grotte isolée au sommet d’une colline. Ghardaïa naît : elle devient l’escale incontournable qui suborne tant de visiteurs avides de se libérer des lacets angoissants de la grande ville. On vient à Ghardaïa comme en pèlerinage. L’air saharien extrait une oisiveté et une nonchalance qui, par enchantement, deviennent valeurs. Les corps livrés à eux-mêmes retrouvent une allègre volupté. L’imaginaire s’éclate ; le désir retrouve ses ailes ; la tête rongée par l’incommodité quotidienne se gravant de songes. Le désert devient plénitude ; il emplit le vrai désert qui est en nous. L’on retrouve cette légèreté qui doit être d’essence humaine. Découvreurs, les premiers habitants du M’zab engagent un combat sans merci pour enraciner les piliers d’une ville et s’imprégner des vrais vertus de l’lslam. Il fallait vaincre l’adversité maîtresse des lieux qui, telle une gardienne, déployait ses manœuvres qui décourageaient plus d’un. Mais la rage de vivre et de vaincre étaient plus fortes que la chaleur et le vent de sable réunis. L’espace réduit et l’intransigeance du climat imposent une architecture typique qui soit à la fois utilitaire et esthétiquement irréprochable. Le pari insensé d’aménager un espace viable qui vient tempérer les balades des vents de sable et les coups de chaleur et qui devient, en prime, une curiosité mondialement reconnue et magistralement tenu. La pentapole du M’zab fait penser à une fourmilière où les variations de formes convergent harmonieusement avec les couleurs aux tons purs où dominent le blanc, le bleu et le beige. L’activité de la population est comparable à celle des fourmis : les unes aux autres, unies et engagées pour un travail collectif. Sa majesté la mosquée est l’omniprésente gardienne des valeurs musulmanes, des traditions et de la discipline communautaire. La grande force et la bonne santé du M’zab tient en grande partie au respect des valeurs ancestrales qui restent le meilleur rempart contre le déferlement de la civilisation qui menace les fondements de sa société. A observer la fébrilité des populations, on cherche sans chômer à débloquer dame paresse. « Le travail, rien que le travail » telle est la devise inscrite au fronton d’une ville modèle par bien des aspects. Les ruelles labyrinthes de la ville s’animent d’une fébrilité chaque jour renouvelée. Toute cette agitation converge de la rue Aouassaâ, de la rue Cheikh Ami Saïd et de la rue Ibn Rostom vers la place du marché, véritable baromètre de l’activité commerciale. On y trouve pêle-mêle des légumes toujours frais, fruits d’une agriculture saharienne prometteuse mais souffrant d’un manque évident de moyens matériels. Dans cette fourmilière, tout s’achète et tout se vend ; du tapis du M’zab qu’on exhibe avec une pointe d’orgueil, aux condiments qui répandent leurs exhalaisons odorantes en passant par un bric-à-brac bien romantique. Epicentre de la ville, le marché de Ghardaïa est un lieu de vie et de fête pour des centaines de nomades qui déferlent d’Aflou, de Ouargla, d’Adrar ou de Timimoun pour acheter ou écouler leurs marchandises. Il est le rendez-vous tant attendu d’une foule composite qui va du marchand au client, en passant par le touriste et le simple curieux. Dès l’aube, ils investissent un espace qui, soudain, devient coloré et vivant d’une vie saine faite de gestes et de pratiques séculaires. 

 

Le marché, un lieu de rencontres 

 

Les truffes de Béchar et les cacahuètes de Seb Seb côtoient les légumes de Laâdira et de I’Intissa et les vieux marchands à la criée, tannés par le soleil, symbolisent toute la beauté et la générosité de la vie mozabite. Les nombreuses boutiques parsèment de chaque côté le marché et s’ouvrent tels des joyaux pour découvrir une floraison de tapis, de burnous et de babouches qui font de ce lieu un musée à ciel ouvert où l’ancien côtoie, dans une discordance difficilement conjugale, un présent (l’électronique et les portables quoique informels). Le marché joue un rôle important dans la vie des gens du Sud. Il est le lieu privilégié où le nomade s’accorde une halte pour s’enivrer des couleurs abondantes. Quant au sédentaire, il retrouve par la magie de ce grand rassemblement un espace important de sa belle époque que les perfidies du temps tendent à engloutir. Et le touriste découvre, dans un élan de curiosité empreint d’exotisme, la chaleur humaine qui transparaît sur chaque visage mozabite et qui dissipe les séquelles de ce fléau des temps modernes appelé stress. Au fil des heures, la ville s’échauffe de ses gens et du soleil pour atteindre le plein bouillonnement, en milieu de journée, la foule compacte se disperse (prière oblige) en se donnant rendez-vous pour le lendemain pour un éternel recommencement au goût de fête. A votre retour, en quittant Ghardaïa, l’hiver vous paraîtra beaucoup moins long. Ainsi, vous aurez constaté que la naissance de Ghardaïa est incontestablement le fruit de la volonté et de l’amour de ses concepteurs. Elle est condamnée à rester belle. Aidez-là à rester belle, ne serait-ce que par votre pensée. 

 

Source El Watan 

 

Le Pèlerin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ghardaïa, vous serez sûrs de ne rien manquer de tout ce qui fait le charme d’une ville impériale. D’un côté, il y a le désert et ses interminables étendues ocres. De l’autre, Ghardaïa avec son minaret qui perce le ciel pur.

 

 

Sur une colline perchée et nichée au cœur de sa splendide palmeraie, Ghardaïa se déploie dans un festival d’architectures qui témoignent de son histoire

 

 

 

Evocation de cette figure de femme que les Touaregs nomment « Notre mère à tous ».

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Femmes de l’ombre : Tin-Hinan, reine des Touaregs   algerie_hoggar_tin_hinan.jpg
 
En 1925, à Abalessa, ancienne capitale du Hoggar, des archéologues ont découvert un caveau où se trouvait un squelette de femme bien conservé, ainsi qu’un mobilier funéraire, des bijoux en or et en argent et des pièces de monnaie à l’effigie de l’empereur romain Constantin. Ils définirent cette tombe, datée du IVe ou du Ve siècle, comme étant celle de Tin-Hinan, l’ancêtre des Touaregs. La découverte a fait rêver bien des chercheurs et des écrivains. Nous essayerons, sur leurs traces, d’évoquer cette figure de femme que les Touaregs nomment « Notre mère à tous ».  
Tin-Hinan, cette femme énigmatique, dont l’existence nous a été révélée par la tradition orale et dont le nom voudrait dire « celle qui vient de loin » ou « celle qui se déplace », aurait été la mère fondatrice du peuple touareg. A travers les récits et les chants véhiculés par ses descendants, les hommes du désert, on peut retrouver son image : « Une femme irrésistiblement belle, grande, au visage sans défaut, au teint clair, aux yeux immenses et ardents, au nez fin, l’ensemble évoquant à la fois la beauté et l’autorité ».
Lorsqu’elle est arrivée dans le Hoggar, « elle venait de loin », indique son nom. Les chercheurs ont localisé cette origine chez les Bérâbers (Berbères) du Tafilalet, une contrée présaharienne du sud marocain qui devait être plus verdoyante qu’aujourd’hui.
Pourquoi quitta-t-elle ces lieux ? Personne ne peut le dire. Alors rêvons un peu et regardons la situation de la région au cours de ces années lointaines. Au IVe siècle, le nord de l’Afrique, et en particulier la Numidie, est dominé par la puissance romaine qui a adopté la religion chrétienne à laquelle s’est converti l’empereur Constantin. Cette Numidie, dont le nom pourrait venir de nomade, est alors le théâtre de révoltes contre le pouvoir romain. Diverses tribus circulent entre la côte méditerranéenne et les régions plus au sud, colportant non seulement des produits divers mais aussi des informations. Quelques membres de la tribu marocaine des Bérâbers, avec Tin-Hinan, ont-ils quitté la région pour des raisons de conviction ou de politique ? Première hypothèse.
Autre hypothèse : un conflit personnel au sein de la famille ou de la tribu qui aurait incité Tin-Hinan à fuir loin de son milieu d’origine. Une femme intelligente, une femme d’autorité qui prend la décision de partir... pourquoi pas ?
Deux femmes dans le désert
Ce que l’on sait, grâce à la tradition orale rapportée par le Père de Foucault qui l’a recueillie dans le Hoggar, c’est qu’elle ne fut pas seule à faire le trajet mais qu’elle se rendit dans ce haut massif du Sahara algérien en compagnie d’une servante nommée Takamat. Ces deux femmes étaient-elle accompagnées d’hommes pour ce voyage aventureux ? Rien ne le dit mais c’est vraisemblable. Traverser le Sahara était une aventure périlleuse, même si ce désert brûlant, dont le nom en arabe signifie le Fauve, connaissait un climat moins aride qu’aujourd’hui. Les vallées, les plaines, les squelettes de rivières, témoignent qu’une réelle végétation existait autrefois, tandis que les peintures rupestres indiquent que des chevaux y circulaient et que les chasseurs y trouvaient du gibier.
Imaginons ces deux femmes effectuant leur trajet à travers le désert. Sans doute ont-elles une monture : dromadaire, cheval, âne ( ?) qui leur permet d’éviter de trop grandes fatigues et quelques bêtes comme des moutons et des chèvres qui leur offrent le lait et la nourriture dont elles ont besoin. Comment auraient-elles pu survivre sinon ? On sait que le chameau a fait son apparition en Afrique au IIe siècle, venant de Libye, et que sa résistance permettant de longues marches a transformé la vie des nomades. Dans le Tafilalet et notamment à Sijilmasa, grand lieu de rencontres commerciales, les caravanes chamelières faisaient halte. Bien que les Touaregs disent n’avoir connu le chameau qu’après leur arrivée dans le Hoggar, il est possible que pour ce voyage, Tin-Hinan ait utilisé un de ces vaisseaux du désert dont le pas lent et sûr inspire confiance et qui reste encore de nos jours pour les Touaregs, leur moyen de transport favori, leur monnaie d’échange, l’insigne de leur richesse.
« J’ai pris ma longe et ma cravache au cuir tanné
et, voulant fuir ce lieu avant la fin du jour, j’ai saisi mon chameau.
Jusqu'à ce que s’apaise le vent d’après l’orage, il avait pâturé en un lieu agréable
où l’herbe d’emshéken était entremêlée de pousses d’ämämmän.
J’ai attaché ma selle ornée d’embouts de cuivre, qu’a fabriqué pour moi un artisan habile, douce pour la monture et pour le méhariste... »
(poème touareg).



Tin-Hinan consulte le ciel

On trouve, dans les peintures rupestres du Sahara, la trace d’une « route des chars » très ancienne, dont le trajet permet de trouver des mares, des puisards ou des oueds. La petite cohorte de Tin-Hinan a dû l’emprunter pour se procurer cette denrée rare, l’eau, dont un proverbe dit : aman iman, « l’eau, c’est l’âme ». Les voilà donc suivant ce tracé. Les jours passent, lentement. Parfois, la petite troupe aperçoit quelques nomades, pillards possibles, qu’elle évite soigneusement. Les heures de la journée sont chaudes et les voyageurs du désert qui subissent la brûlure du ciel accueillent la nuit avec soulagement. La pause du soir est bienvenue, surtout si elle se situe près d’un point d’eau et d’un pâturage. Les outres se remplissent et les bêtes se régalent. Il faut faire vite car l’obscurité tombe d’un seul coup. Tin-Hinan connaît les principales étoiles, elle consulte le ciel pour trouver sa future direction. On dresse une tente faite de peaux de chèvres tendues sur des arceaux. Le repas est frugal : une bouillie de farine mélangée au lait que l’on vient de traire.
Un jour, enfin, le sable s’estompe et la roche granitique, surmontée de crêtes et de pitons, apparaît. Il faut contourner les montagnes, se faufiler dans les vallées, trouver les trous qui ont conservé l’eau de pluie, et surtout faire manger les animaux. Région magnifique, mais aride et difficile. Pourtant, c’est là que Tin-Hinan s’installe. L’oasis d’Abessala, près de Tamanrasset, lui offre l’hospitalité de ses eaux et de ses pâturages. Y rencontra-t-elle d’autres habitants ? D’après Henri Lhote, qui a écrit de nombreux ouvrages sur l’Ahaggar (Hoggar), le pays aurait connu une population nombreuse, attestée par les palmeraies de Silet et d’Ennedid et des puits creusés avant l’arrivée de Tin-Hinan. Cette population noire, les Isebeten, ayant presqu’entièrement disparu, Tin-Hinan n’aurait pas eu besoin de se battre pour conquérir ces lieux devenus inhabités.
Que se passa-t-il dans les années qui suivirent cette installation dans le Hoggar ? Qui fut le père des enfants de Tin-Hinan ? Un compagnon venu avec elle du Tafilalet ? Un noble voyageur originaire de Libye ou d’Egypte ? Ou simplement un survivant de ces habitants qui occupaient les lieux précédemment ? Le nom de ce « père » n’est pas resté dans les récits véhiculés par la tradition. Mais, chez les Touaregs, la femme jouit d’un statut privilégié et le matriarcat est de règle, ainsi donc, n’est retenue que la descendance féminine.

« L’antimoine enténèbre ses paupières sombres »
D’après la légende, Tin-Hinan aurait eu trois filles : Tinert, l’antilope, ancêtre des Inemba ; Tahenkot, la gazelle, ancêtre des Kel Rela ; Tamérouelt, la hase, ancêtre des Iboglân.
De son côté Takama, la servante, aurait eu deux filles qui reçurent en cadeau de Tin-Hinan les palmeraies de la région que possèdent toujours leurs descendants.
Les voilà donc installés dans l’oasis d’Abalessa. Les tentes blanches se dressent dans ce paysage dominé par le haut massif de l’Atakor. La beauté des paysages, le silence de la nuit, le vent dans les montagnes n’a pu qu’inspirer ces nouveaux venus dans la région. Le tobol (tambour) et l’amzad (violon monocorde) étaient-ils déjà présents à l’époque de Tin-Hinan ? On peut imaginer que cette femme de caractère avait aussi le goût de la musique et de la poésie, tout comme ses descendants et, qu’autour du feu, les habitants du campement montraient leurs dons en ces matières.
Chantez, choristes, chantez pour les jeunes gens !
l’antimoine enténèbre ses paupières déjà si sombres, elle a rehaussé ses sourcils,
elle a orné ses joues de taches claires, pareilles aux Pleïades
Gaïsha, la chanteuse, que se passe-t-il ?
Frappe des mains plus ardemment, frappe le tambourin !
(poésie touarègue)
Tin-Hinan est l’amenokal (possesseur du pays), la reine de ce petit peuple en voie de création. Est-elle, comme le raconte une légende, à l’origine d’une ancienne écriture touarègue, le tifinagh, que l’on a trouvée ici et là gravée sur des pierres ? Ces signes, composés de bâtons (des jambes d’animaux ?) et d’ idéogrammes ronds (visages, soleil, astres ?) servirent-ils de repères pour marquer les routes du désert ? Le mystère n’est pas élucidé.
Si l’on en juge par les découvertes faites au début du XXe siècle, les nouveaux arrivants auraient trouvé à Abelassa un fortin témoignant d’une occupation militaire romaine avec un certain nombre de pièces ayant servi de chambres et de magasins. C’est dans une de ces cavités que Tin-Hinan sera plus tard enterrée et que la mission conduite par M.
Reygasse, directeur du musée du Bardo à Alger, la découvrira en 1925.
De Tin-Hinan à la troublante Antinéa
D’après sa description, elle reposait sur un lit sculpté et portait des bracelets d’or et d’argent. A proximité des chevilles, du cou et de la ceinture, s’éparpillaient des perles en cornaline, agate et amazonite. Une écuelle de bois portait la trace d’une pièce à l’effigie de l’empereur Constantin. Ces objets ainsi que le mobilier témoignent des relations qui ont pu se nouer entre les habitants de l’oasis et les voyageurs venus de l’Orient. Tin-Hinan a donc été capable, non seulement de faire ce voyage à travers le Sahara mais aussi de créer les conditions de vie dans les lieux et de nouer des relations commerciales nécessaires à l’enrichissement du peuple né de sa descendance.
Les Touaregs de l’Ahaggar ont donc naturellement conservé le souvenir de cette femme remarquable, et leurs récits, recueillis par le père de Foucault qui vécut en ermite à Tamanrasset au début du XXe siècle, inspira le romancier français Pierre Benoît qui, dans L’Atlantide publié en 1920, met en scène un jeune militaire rencontrant Antinea, une femme énigmatique qui règne sur le Hoggar. « Antinéa ! Chaque fois que je l’ai revue, je me suis demandé si je l’avais bien regardée alors, troublé comme je l’étais, tellement, chaque fois, je la trouvais plus belle.... Le klaft égyptien descendait sur ses abondantes boucles bleues à force d’être noires. Les deux pointes de la lourde étoffe dorée atteignaient les frêles hanches. Autour du petit front bombé et têtu, l’uraeus d’or s’enroulait, aux yeux d’émeraude, dardant au-dessus de la tête de la jeune femme sa double langue de rubis. Elle avait une tunique de voile noir glacé d’or, très légère, très ample, resserrée à peine par une écharpe de mousseline blanche, brodée d’iris en perles noires. Tel était le costume d’Antinéa... »
L’imaginaire de Pierre Benoît nous conduit loin de la réalité et, pour retrouver l’ancêtre des Touaregs, il est préférable de lire des ouvrages scientifiques modernes, mais dans ceux-ci la trace de Tin-Hinan est bien mince. Tin-Hinan reste donc une reine de légende qui préfigure la femme moderne, capable de créer la vie et de gérer le bien public. C’est ainsi que les Touaregs nous ont transmis son image. C’est ainsi que nous avons tenté de la faire revivre.
Le Pèlerin
Source: Jacqueline Sorel

Sud algérien - Désertification : comment stopper la menace ?

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Le phénomène a été aggravé par le changement climatique
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Phénomène n La désertification menace 27,4 millions d’hectares en Algérie, selon les résultats de la Carte de sensibilité à la désertification (CSD), rendus publics le 10 janvier dernier à Alger.
La désertification est considérée comme l'une des problématiques environnementales les plus préoccupantes du XXIe siècle. Par désertification, on entend une situation de dégradation des terres, liée au contexte socioéconomique de l’utilisation des ressources naturelles au-delà de leur capacité de restauration, aggravée souvent par les fluctuations des conditions climatiques.
Elle conduit à un déclin permanent des activités économiques, enracinant les populations locales les plus vulnérables dans la pauvreté et les poussant à un exode massif. Devant ces risques préoccupants, l'Algérie a mis en place de nombreuses actions de lutte contre la désertification en prenant des mesures correctives et préventives.
Selon les résultats actualisés de la CSD, la surface «désertifiée et squelettée» est passée de 3,5 à 4,09% entre 1996 et 2009, soit plus de 76 000 ha. Une augmentation des terres moyennement sensibles à la désertification, a été également relevée. Quelque 87% de la superficie de l'Algérie représentent le Sahara, constitué de deux grands ergs (oriental et occidental), des oasis, des montagnes du Tassili et du Hoggar et des déserts de pierre (regs).
Cependant, l'étude révèle une amélioration de la situation de quelque 868 427 ha classés auparavant très sensibles à ce phénomène, et ce, grâce à l'aménagement du territoire engagé au niveau des zones concernées. La désertification a été aggravée par le phénomène du changement climatique qui a porté un coup dur aux équilibres des écosystèmes.
Ce phénomène menace la production vivrière qui nourrit des centaines pour ne pas dire des milliers de famille, ainsi elle induit la pauvreté dans les zones sahariennes. Il y a également la déforestation incontrôlée notamment pendant la décennie noire où de nombreuses forêts ont été détruites pour resserrer l'étau sur les groupes terroristes. Ainsi de nombreuses forêts ont été réduites à néant en quelques années seulement. Par ailleurs, l'activité humaine est en grande partie responsable de la désertification.
En effet, dans certaines régions steppiques, les éleveurs de bétail surexploitent les plaines steppiques sans se soucier de la dégradation du sol. Cette exploitation massive et incontrôlée de la steppe a mis à nu de vastes plaines, ce qui, avec le temps, conduit à détruire la couverture végétale de ces espaces fragiles permettant ainsi l'avancée du désert.
Intervenant lors de la rencontre consacrée à la présentation de la carte de sensibilité à la désertification, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a considéré que «ce phénomène est une menace réelle pour notre pays d'autant plus que les experts prévoient une diminution de 10 à 30% de la pluviométrie durant les 20 prochaines années».
Reboisement, l'alternative
Dans le cadre de la lutte contre le phénomène de la désertification et des efforts visant la réhabilitation du patrimoine forestier, une politique est menée en ce moment par la direction des forêts dans le cadre du renouveau rural.
Il s'agit notamment de 12 000 projets qui seront réalisés à l'horizon 2014, dont 2 000 sont en cours de réalisation, en plus de 500 projets de proximité pour la lutte contre la désertification qui concerne 500 communes au niveau de 29 wilayas. Ces projets sont une première réponse des pouvoirs publics pour lutter contre la désertification, la dégradation des sols et le changement climatique. L'Algérie a, jusqu'à ce jour, reboisé plus d’un million d'hectares, toutefois, elle a perdu environ 25 000 hectares : 12 000 de plantations forestières et 13 000 de maquis et de broussaille.
Pour étendre le patrimoine national en matière de couverture forestière et préserver nos ressources naturelles, les pouvoirs publics ont mis en place des actions de reboisement. Ainsi, le plan national, qui a été adopté en 1999, porte sur la plantation de plus d'un million d'hectares sur 20 ans.
Ce plan se poursuit à travers trois principaux programmes, qui sont le traitement des bassins versants à ouvrages hydrauliques pour lutter contre les érosions, les projets de lutte contre la désertification, ainsi que le programme sur l'extension du patrimoine forestier et le repeuplement.
Programme de lutte
Ce programme comprend, entre autres, la protection et la réhabilitation du Barrage vert qui s'étend sur environ 360 000 hectares et de son extension sur quelque 100 000 hectares entre 2010 et 2014, la protection des nappes alfatières sur une superficie globale avoisinant les 3 millions d'hectares, la mise en valeur des zones d'épandage et de certains périmètres irrigués pour renforcer l'offre fourragère notamment l’orge et la luzerne, les projets de proximité pour la lutte contre la désertification intéressant l'implication, l'amélioration des conditions de vie et de travail des citoyens et enfin la protection et la valorisation des parcours sur plus de 32 millions d'hectares. Rappelons que 60 milliards de dinars sur les 200 milliards alloués au secteur de l'agriculture et du développement rural sont affectés au renouveau rural, dont 10 milliards destinés à la lutte contre la désertification.
Source Infosoir Madjid Dahoumane
Le Pèlerin

Hommage à Charles de Foucauld

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Dans le désert du Hoggar, sur les pas du Père de Foucauld 

 

 

 

Charles de Foucauld à des époques différentes de sa vie

 

Ici, on calcule les distances en jours ou en semaines, pas en kilomètres. 

 

Ces dromadaires,  qui déambulent d'un air dédaigneux dans le pittoresque marché à bestiaux de Tamanrasset, ont mis trois semaines à venir du Niger ou du Mali. Accroupis, la tête recouverte d'un voile pour se protéger des rafales de poussière, propriétaires et acheteurs potentiels discutent à voix basse. 

" Ils négocient. Cela peut prendre des jours et des jours. Nous, les Touaregs, ne sommes jamais pressés", dit l'un d'eux en souriant. L'atmosphère est à l'optimisme, le tourisme semble en effet repartir

Le Bordj vue de haut

Rana, Rachid et mon fils au Bordj à Tam

Votre Serviteur au Bordj à Tam

Frère Edouard 80 ans à l'Assekrem

Dans les campements touaregs comme sur les marchés de la ville, ce n’est pas l’enthousiasme mais la prudence. qui domine.  L’on craint énormément l’événement qui fera fuir le touriste.. mais les affaires semblent reprendre . La béatification de Charles de Foucauld en 2005 ,  à Rome. A fait un bien énorme et a attiré les touristes ce dont se réjouissent les habitants de "Tam". 

Il n'y a pas besoin d'être chrétien ni croyant pour s'intéresser au Père de Foucauld ainsi qu'à son sujet d'études préféré : les Touaregs. "On présente trop souvent Foucauld sous l'aspect uniquement religieux, en négligeant les autres facettes de sa personnalité. Beaucoup ignorent qu'il a été un formidable linguiste, le premier grand spécialiste de la langue et de la culture touarègues. Et aussi un écrivain de talent, auteur de plus de 6 000 lettres. Il a en outre été un excellent dessinateur", souligne Antoine Chatelard, membre de l'ordre des Petits Frères de Jésus, installé à Tamanrasset depuis 1954. D'après ce religieux, spécialiste du père de Foucauld, il faudra encore longtemps pour que s'efface l'étiquette d'"espion déguisé en moine" et de "suppôt du colonialisme" accolée à l'ancien officier de l'armée française, mais les choses évoluent tout doucement en Algérie. 

Foucauld ? Le nom de cet aristocrate brillant, fêtard agnostique qui retrouve la foi en 1886, à l'âge de 28 ans, et mène dès lors une vie ascétique, ne dit rien aux jeunes Algériens. La génération du dessus, elle, n'ignore pas que le "marabout" français a passé à Tamanrasset les onze dernières années de sa vie. Et, pour beaucoup d'Algériens, la "frégate" (la maisonnette chapelle de Foucauld), le bordj et l'ermitage de l'Assekrem - les trois lieux où il a vécu entre 1905 et 1916 - font aujourd'hui partie du patrimoine national. 

A l'entrée du bordj, on peut encore voir la trace de la balle qui a traversé la tête de Foucauld, le 1er décembre 1916, avant de se ficher dans le mur. Ce jour-là, des pillards touaregs envahissent le fortin où s'est installé le religieux quelques mois plus tôt. Foucauld est ligoté. Le benjamin de la bande est chargé de le surveiller tandis que ses compères fouillent la demeure. Entendant deux soldats français s'approcher, le jeune gardien est pris de panique et tire sur son prisonnier. Le "frère universel", comme Foucauld se surnomme, cède pour de bon à "l'appel du maître". Il avait 58 ans. Quelques 15 000 disciples, hommes et femmes, se réclament aujourd'hui de lui à travers le monde. 

" J'aime bien Foucauld et je ne supporte pas qu'on dise du mal de lui ! Je n'ai qu'une crainte : que les deux Pères, Edouard (80 ans) et Alain (84 ans), qui ont pris sa relève à l'Assekrem, ne soient pas remplacés, le jour où ils partiront", déclare Mokhtar Zounga, en conduisant son 4 × 4 sur la piste rocailleuse qui monte à l'ermitage, dans un décor de western. 

L’Assekrem  ce piton rocheux situé à 2780 mètres d'altitude, balayé par le vent, le spectacle est inoubliable. Des aiguilles semblables à des orgues, d'énormes roches rectangulaires posées sur l'horizon comme des molaires, des pics somptueux, des cratères de volcan... On comprend que Foucauld ait choisi ce lieu sauvage et sublime pour y planter son ermitage, une simple bergerie. 

Le Pèlerin  

Sud algérien - La courge du M’zab, appelée localement Takhssait, Tamissa ou El Garaâ est incontournable dans les délices de la cuisine de Ghardaïa

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Sud algérien - Délices gastronomiques de Ghardaia : L’incontournable courge de la région du M’Zab

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La courge du M’zab, appelée localement Takhssait, Tamissa ou El Garaâ, une cucurbitacée atypique de la région, de couleur blanche teintée de vert et à la forme ogivale, est incontournable dans les délices de la cuisine de Ghardaïa, en particulier le savoureux couscous ou le ragoût.

Cette courge aux différentes formes et poids, appelée également « calebasse » ou « gourde », dont le fruit charnu est utilisé en sauce pour la préparation du célèbre repas de mariage, le couscous à la viande de chamelon ou d’agneau. Cette courge, cultivée comme plante potagère dans la plupart des jardins familiaux de la wilaya, est très prisée dans la gastronomie riche en couleur et en saveurs des habitants de Ghardaïa. Plante rampante ou grimpante, à longues tiges ramifiées munies de vrilles appelée également « courge coureuse du M’zab », elle est facile à cultiver. Il suffit d’un sol humide et suffisamment ensoleillé pour qu’elle se développe, la terre arable de la région dont l’alcalinité du sol est favorable à ce type de cultures. La chair et les graines sont utilisées fréquemment en médecine traditionnelle, souligne un herboriste de Ghardaïa. « On conseille souvent le jus ou le suc d’une courge pour calmer certains maux », explique-t-il. Selon des nutritionnistes, la courge a des vertus médicinales et contient surtout de la vitamine A. Il existe plusieurs variétés de courges dans la région de Ghardaïa (la citrouille, le potiron, la calebasse et la courgette).

Elles sont consommées à l’état frais comme légume, dans différentes sauces et servent également à l’élaboration de la confiture d’el garâa. La courge du M’zab, dont les graines sont aussi conservées comme semence et pour la consommation une fois grillées et salées, est également utilisée comme ornement et ombrage dans les jardins de Ghardaïa. La région s’est forgée une réputation pour la production de la courge. La culture de cette « garaâ » se fait le long de la vallée du M’zab et les oueds affluents, ainsi qu’à Metlili, Berriane, Guerrara, Zelfana, Hassi Lefhal et Mansourah. Son irrigation se fait par des puisards équipés parfois de motopompes. Cette production, très consommée dans la région comme légume de base, fait l’objet d’un commerce florissant qui bat son plein en période estivale. L’excentricité de ce commerce est la fixation du prix à l’unité d’el garâa qui s’effectue au coup d’œil par un marchand « spécialiste ». Ce prix est déterminé, dit-on, selon la rareté du produit sur le marché et négociable par l’acheteur. Les habitants de Ghardaïa ont également su tirer avantage de cette courge qui, une fois séchée et vidée, est aussi utilisée comme de petits abreuvoirs ou trémies pour les volatiles et sert, encore aujourd’hui, à boire le traditionnel jus « takerouayet » (infusion de plantes et d’épices), déclarée boisson de la région du M’zab. Une fois sèche, la courge du M’zab est utilisée parfois comme repère d’un monument funéraire permettant de reconnaître la tombe du mort. En bref, ce légume multiusages est indissociable de la vie quotidienne des habitants de Ghardaïa.

Source El Watan

Le Pèlerin

Sud algérien - Sidi Khouiled - La sérénité et les plus belles dunes de Ouargla

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Sud algérien - Balade du soir dans les dunes de Sidi Khouiled

 


On s’y retrouve pour méditer dans le silence, faire du ski sur sable ou boire le thé en famille devant un coucher de soleil orangé : promesse de fraîcheur et de méditation, les dunes de Sidi Khouiled offrent un répit précieux à la canicule des journées d’été…
Sidi Khouiled ! Rien qu’à évoquer son nom, on entre dans le monde des oasis et des dunes. Ce chef-lieu de commune et de daïra à la fois est connu pour receler les plus belles dunes de Ouargla, offrant aux amateurs un espace naturel propice aux promenades. Sidi Khouiled est une promesse de fraîcheur et de dépaysement. Une manière pour les citadins de se réconcilier avec le Sahara et de se rappeler avec douleur parfois combien nos villes sahariennes ne ressemblent plus au modèle inventé par les premiers oasiens et combien nos appartements en béton et nos grands bâtiments exacerbent la chaleur et l’effet du soleil. Vingt-deux kilomètres plus loin, on quitte la ville pour le village saharien typique…
Ici on est dans le désert sans y être vraiment, on est à proximité de la ville tout en étant dans l’erg. Et qui dit erg, dit sable à volonté, coucher de soleil, promenades, escalades, courses, ski, pique-nique etc. Les dunes de Sidi Khouiled sont donc le point de rencontre des familles de la ville et de ses environs à la recherche de fraîcheur et d’un moment de détente. Une sortie sur les dunes s’improvise facilement et le crépuscule est le moment idéal pour y arriver. Juste au moment où le soleil qui a régné en unique maître des lieux pendant toute la journée les quitte cédant la place à un ciel orange en harmonie avec l’ocre du sable. L’étendue dunaire est sur les deux rives de la route goudronnée. L’accès est facile et on peut trouver des palmiers par endroits et de l’eau à d’autres, comme il est possible de rester sur de hautes dunes, loin de tout, à scruter l’horizon et à méditer. La plupart des familles aiment rester à proximité de la route et allumer un feu pour profiter d’un thé sur les dunes à l’approche du coucher du soleil.
Sidi Khouiled offre à ses visiteurs un open-space de dunes sans cesse renouvelé par l’activité éolienne et les rayons du soleil qui grillent le sable plus de douze heures par jour. Si bien qu’on a toujours l’impression d’être les premiers à découvrir le paysage… Sidi Khouiled a en fait le privilège de posséder un cordon dunaire d’une vingtaine de kilomètres, la première dizaine la séparant de Aïn Beïda, la seconde de Hassi Ben Abdallah, deux chefs-lieux de communes qui constituent avec elle la daïra de Sidi Khouiled. Ses dunes sont du plus bel ocre et de toutes les hauteurs, avec sans cesse l’image de dunes plus hautes les unes que les autres sur la rive droite. Celles que les amateurs de silence et de quiétude préfèrent car inaccessibles au commun des mortels. Souvent on les voit étendus quand les enfants effectuent des escalades ou jouent au ballon. La plus haute dune, celle qui surplombe Aïn Beïda et l’aéroport reste le terrain de prédilection des amoureux de sensations fortes, d’escalades difficiles ou carrément de ski sur sable. Tout près de cette gigantesque dune, on peut passer un moment à regarder des équipes de football ou de handball s’adonner à des parties dans le cadre des tournois inter-quartiers ou tout simplement jouer en amateurs dans un paysage féerique. Les promenades sur les dunes restent l’un des rares plaisirs de l’été ouargli connu pour ses 50°C et ses éreintantes coupures d’électricité. Une sortie dans la nature, véritable moment de détente et de paix près des dunes qui frôlent le ciel.
Comment s’y rendre ?
Située tout près de l’aéroport de Aïn Beïda et du mausolée de Khouiled, le fondateur du village, le chemin est assez simple : quittez Ouargla pour Hassi Messaoud ou Touggourt et après une kyrielle de palmeraies, vous trouverez le chott de Aïn Beïda qui embaume les salines chaudes avec ses flamants roses et ses sarcelles, puis Aïn Beïda-ville. Là, vous vous trouvez aux premières dunes. Bifurcation avant l’aéroport pour saluer le saint homme ou avant le grand rond-point, les dunes vous attendent sur 30 kilomètres jusqu’à Hassi Ben Abdallah !
Khouiled, le marabout
Le saint patron de Sidi Khouiled repose à l’entrée de la nouvelle ville, bien loin de la zone dunaire. Il surplombe la zone d’activités créée pour renforcer un projet oublié depuis, celui de faire de Sidi Khouiled l’extension urbaine de Ouargla. Sidi Khouiled n’est pas l’un des marabouts célèbres de la wilaya bien qu’il ait donné son nom au village fondé il y a plusieurs siècles. Sidi Khouiled ne fait pas non plus partie des saints hommes que les mariés et les nouveaux venus viennent voir pour leur baraka, mais il a laissé une descendance qui a su garder vivante la palmeraie et plaisant le village dont le principal attrait est le calme, les eucalyptus et l’air propre.
Source El Watan  Houria Alioua
Le Pèlerin

Algérie - La désertification avance à grands pas

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Le désert avance, l’agriculture régresse, la consommation augmente: Le signal d’alarme des experts 

L’Algérie est face à une véritable menace sur sa sécurité alimentaire. Un danger triangulaire nous guette. Il s’agit de la désertification galopante qui risque d’engloutir 30 millions d’hectares supplémentaires, induisant ainsi un recul de l’agriculture qui n’arrive pas à couvrir les besoins en consommation, importés à hauteur de 70% du marché extérieur. Les spécialistes demandent une réaction urgente pour réduire ce risque. En plus de la nécessité de multiplier les efforts pour endiguer le phénomène de la désertification, ces derniers insistent sur l’importance de réaliser une synergie entre l’agriculture et l’industrie agroalimentaire pour subvenir aux besoins de consommation nationale qui ne cessent d’augmenter.

La sécurité alimentaire et l’approvisionnement en eau potable risquent d’être compromis à long terme si rien n’est fait. Le phénomène de la désertification pèse telle l’épée de Damoclès sur l’Algérie comme sur d’autres pays du monde. Les chiffres communiqués, à la veille de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la désertification (17 juin) par la direction générale des forêts (DGF) sont alarmants. Erosions, pertes de sédiments, glissements de terrain et avancée du désert… au moins 30 millions d’hectares des terres arables du territoire national sont aujourd’hui plus que jamais menacés par la désertification. Selon le rapport de la DGF, 12 millions d’hectares sont soumis à l’érosion hydrique dans les zones montagneuses, dont 47% des régions les plus érodées se situent à l’ouest du pays.

Le rapport, rendu public hier, évoque aussi la perte de 120 millions de tonnes de sédiments/an et une diminution des capacités de stockage des eaux de barrages avoisinant les 20 millions de m3/an. Ce qui risque de réduire encore davantage les capacités, déjà insuffisantes, pour subvenir aux besoins nationaux en la matière. « La sédimentation de certains barrages a atteint un taux qui avoisine les 100% », précise la même source. Ce sont les régions steppiques (dans les Hauts-Plateaux et l’ouest du pays) qui sont les plus menacées. Représentant près de 36 millions d’hectares, 20 millions d’hectares relevant du domaine de la steppe sont aujourd’hui vulnérables à la désertification. « Alors que 600 000 hectares sont désertifiés, 7 millions d’hectares relevant de la steppe sont sérieusement menacés par l’érosion éolienne », précise le document de la DGF. En plus de l’avancée du désert, la DGF souligne également un autre problème relatif au glissement du terrain (16,6 m3 érodés/an) dû à la déforestation. Malgré les efforts consentis jusque-là, à travers le projet du barrage vert lancé en 1971 et les différentes campagnes de reboisement lancées ces dernières années, la superficie forestière demeure insignifiante. Elle ne représente, selon le même rapport, que 1,7% du territoire national, dont 11% se situent dans la région nord du pays.

La situation est la conséquence de plusieurs facteurs. En sus du climat et de l’avancée du désert (200 millions d’hectares représentent le Sahara), la DGF cite en particulier le facteur humain. L’exploitation irrationnelle des terres, notamment dans les régions steppiques et la destruction des forêts favorisent le phénomène de la désertification. Soulignant la nécessité de conjuguer les efforts au niveau de tous les secteurs, la DGF rappelle les objectifs du programme d’action national (PAN) pour la lutte contre la désertification. Le PAN vise, indique la même source, le développement durable de l’écosystème steppique. « Cet objectif est réalisable à travers la diminution de la population tirant sa subsistance de l’exploitation extensive des zones classées sensibles, la création d’opportunités d’investissement non désertifiant pour les capitaux actuellement utilisés dans l’élevage steppique, et également une recherche scientifique et technique proposant des techniques agricoles et pastorales à effet désertifiant faible », précise la DGF. Pour la reconstruction du patrimoine forestier, la DGF cite encore la campagne de reboisement consacrée comme tâche « d’intérêt national » et qui se traduit par une mobilisation des citoyens et la mise en œuvre d’un vaste programme d’investissement. « Ces programmes et cette campagne ont permis la plantation, de 1962 à 1970, de plus de 99 000 ha », indique-t-on.

Source El Watan

Le  Pèlerin


Sud Algérien - Bechar - Soignez y vos rhumatismes

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Béchar - Les bains de sable pour les malades de rhumatisme

Comme chaque saison estivale, la ville touristique de Taghit connaît un flux considérable de personnes souffrant de rhumatisme articulaire. Ils viennent souvent des régions du nord du pays en quête de guérison.
Ils ont fui les grands hôpitaux pour séjourner en plein été dans la paisible commune de Taghit qui offre à ses patients son sable fin et doré qui possède des propriétés thérapeutiques pour plusieurs pathologies, telles que le rhumatisme et autres allergies.
Ces curistes ont choisi les bains de sable qui représentent un type particulier de traitement thermal où le moyen utilisé est le sable pour sa composante chimique particulière. Les sels et les composants organiques présents dans le sable peuvent traiter plusieurs affections rhumatismales et ostéoarticulaires. L’association des facteurs climatiques et de pratiques de type thermal rend cette thérapie plus efficace dans le traitement des maladies de la peau et les carences de type umminitaire.
Selon les amateurs des bains de sable, cette pratique traditionnelle qui se perpétue à travers des siècles consiste à enfouir le corps entier sous le sable brûlant.  Mais, d’après les connaisseurs de cette thérapie, les patients devraient au préalable consulter des spécialistes notamment pour les malades chroniques tels que les diabétiques où les hypertendus.
Contacté, un sexagénaire souffrant de rhumatisme articulaire nous a déclaré qu’il visite la paisible commune de Taghit chaque année en quête de guérison et que son état de santé s’est amélioré. “Je préfère résider dans cette région du pays pou fuir l’humidité et bénéficier de l’hospitalité des Taghitis”, a ajouté ce dernier.
Il est à rappeler que cette pratique s’améliore de jour en jour par le recrutement de guides pour accompagner les malades et leur prodiguer les conseils nécessaires

Source Liberté

Le Pèlerin

Sahara- Paysage inhumain, mais un bijou sur sa nudité vertigineuse

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L’Eden au Sahara

A proximité d'Adrar

 

Une maison d’hôte de charme dans le désert de la Mauritanie ? C’est à Chinguetti que Mahmoud et Djamila ont ouvert sept chambres dans leur belle maison. Un endroit confortable et chaleureux où se poser pour explorer la ville des livres et aller jusqu’à Ouadane, sur les pas de Théodore Monod. 

Parfois, alors qu'il n'espère plus rien du paysage inhumain où il trace lentement sa route, le voyageur aperçoit, posée comme un bijou sur la nudité vertigineuse du Sahara, une de ces roses de sable faites de silice blonde, nées du désert et de la caresse du vent", écrivait Odette du Puigaudeau, exploratrice française qui arpenta la Mauritanie dans les années trente…

Ainsi, la ville rose de Chinguetti surgit du plateau nu de l'Adrar, sur le fond des dunes molles de l'Erg Ouarane, rosies par la lumière du soir. C'est l'une des sept villes saintes de l'Islam, gardienne de bibliothèques anciennes, inattendues ici, au cœur du désert !

Et encore plus inattendue, la maison merveilleuse que Mahmoud a construite à l'orée de la ville, au calme ! Car, autant les endroits cosy et même luxueux, lodges et autres "camps" hauts de gamme abondent en Afrique anglophone, autant il était rare de trouver l'équivalent, en Afrique francophone, nettement moins sybarite. entre acacia et le baobab… Chinguetti

Un nouveau T.O. français a relevé le défi, sous un nom emblématique : Acabao. Ce mot réunit l'acacia et le baobab, deux arbres qui s'épanouissent même sur des terres peu propices... Et dans cette extraordinaire ville lettrée de Mauritanie connue pour ses bibliothèques, Frédérique Ribeaucourt, la fondatrice, a utilisé la formule du micro crédit pour encourager Mahmoud et Jamila ("jolie", en arabe), sa jeune femme, à créer la première maison d'hôtes du pays.

À l'écart de la ville, au-delà de l'oued, un porche s'ouvre dans un beau mur de pierres, construit suivant le style traditionnel, d'où débordent déjà les plantes et les arbres du jardin.

 


Mahmoud a la main verte ! On entre par une porte turquoise, entrouverte sur ce beau jardin qui promet la fraîcheur. On passe le porche pour entrer dans une première cour. Les chambres, suivant le plan arabe traditionnel, donnent sur la seconde, plus intime. Le charme est dans l'accueil et la cuisine de Jamila, dans la simplicité et le raffinement de la décoration, et dans un confort (plusieurs grandes salles de douche, eau chaude, espace, propreté) qui, ici, semble plus que luxueux. Des livres dans chaque chambre, une jolie véranda salon aérée pour les heures chaudes, une terrasse sur le toit pour le coucher du soleil… L'endroit porte bien son nom : l'Eden ! 
 

Infos pratiques : Acabao, le spécialiste de l’aventure douce en Afrique.0 820 82 55 24.

 

L'Eden, à Chinguetti.

 

Source Seniorplanet

 

Le Pèlerin

Sud algérien - Les splendeurs de l'oasis de Bou-Saâda

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L’Oasis de Bou-Saâda: De la cité médiévale à la garnison coloniale - Cadre de l’administration Sanitaire, à la retraite

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Vous êtes à Bou-Saâda et que l’envie de la visite vous prenne, qu’à cela ne tienne! Partez de l’hôtel «Transat» et dévalez la petite pente qui conduit au M’serah (théâtre ou esplanade) appelée aussi, à l’époque coloniale, place «des chameaux».La pente de droite vous mènera vers «El-Erg» autre accès à l’oued. L’hôtel Lograda, superbe demeure mauresque agrémentée d’un jardin suspendu exubérant, éveille la curiosité. Sur la place des chameaux, le défunt Mohamed Benaïssa Alias «Guizaoui», y tenait commerce avec ses randonnées camelines.

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De vieilles touristes suissesses ou autrichiennes se plaisaient à s’acheter, momentanément, une frayeur sur la posture baraquée d’un chameau. La procession quittait les lieux à destination des dunes, au nord-est de la palmeraie, là où meurt l’oued. Sa résurgence par puisage se fera au Maâdher, fleuron de l’agriculture moderne. Quant à vous, vous emprunterez la pente dallée de pierres qui descend vers l’oued. On l’appelle «Araga», son ascension fait réellement transpirer pendant la chaude saison. A l’entame de la descente, les senteurs florales vous saisissent, l’odeur rugueuse de la sève du figuier ou l’effluve de la rose sauvage appelée «sueur du prophète». Les fleurs rouge-oranger du grenadier sont un plaisir pour l’oeil, la vigne rampante, gambade de muret en muret. Une tradition atavique permettait aux mitoyens de jouir des fruits du voisin, quand les branches des arbres enjambent le clôture de l’un ou de l’autre. Le grésillement du grillon, strident et lancinant, vous invite à de nouvelles sonorités. Le coassement guttural des grenouilles, jadis hôtes des lieux, ne vous accompagnera plus. Ces batraciens ont été spoliés de leur eau vive, ils ont cédé la place aux eaux putrides.

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Vous traverserez le gué, le parcours ascendant de la rive droite sur quelques mètres, vous fera découvrir l’ancien atelier d’Etienne Alphonse Dinet. La maisonnette surmontée d’une «kouba» construite en mezzanine, livrait par son balcon, une vue imprenable sur l’oued.

Vous prendrez à votre gauche une côte parée de part et d’autre, de jardins fleuris. Au milieu du chemin muletier se trouve le moulin à grains «des mozabites». La grande aube à l’extérieur du bâtiment, fonctionnait à l’énergie hydraulique grâce à la trombe d’eau de la séguia. Séguiat Nakhara, qui longe la rive droite de l’oued duquel elle est ponctionnée à hauteur du moulin Serguine et sa soeur jumelle, Saguiat Elkhachba, sur la rive gauche, assurent l’irrigation de toute la palmeraie. Le tour d’eau de chaque parcelle était régenté par une organisation coopérative où la morale et l’équité jouent un rôle majeur dans la distribution. Au niveau du moulin, l’eau qui tombait telle une cataracte, faisait tourner l’immense roue pesant plusieurs tonnes. L’axe denté de la roue fait mouvoir la meule supérieure qui écrase le grain sur la meule inférieure. Mulets et baudets faisaient le pied de grue, dans l’attente de la mouture ensachée dans des contenants en jute pour le blé, ou en poils de chèvre pour l’orge.

En continuant la petite escalade, vous déboucherez sur un belvédère, le cimetière des Ouled Hamida est là. La quiétude et le dénuement des lieux adossés au piémont du mont Kerdada, participent au repos de l’esprit. Nasreddine Dinet, converti à l’Islam, y est enterré. Il gît sous une «kouba», appelée tombeau de Dinet. Edward Verchavelt, autre picturaliste d’origine flamande serait, lui aussi, enterré non loin de là. Converti à l’Islam, il prenait femme dans la communauté de la cité. Les enfants, un garçon et une fille issus de ce mariage sont encore parmi nous. Le ciel pâle azuré est d’une pureté presque transparente. Le fond sonore produit par les jacassantes volées de moineaux et d’étourneaux, crée l’enchantement. Le décor, est ainsi planté!

Dans la direction nord, le panorama qui s’offre à la vue est des plus prenants. Le regard embrasse un angle de 180° que nul obstacle ne gêne. Les palmiers élancés surplombent les vergers ombragés qui couvrent les deux rives de l’oued. Clairsemés de petites maisons, les jardins offrent en été une relative fraîcheur. Au bout du regard, le mont Salat éperonne l’horizon. Le promontoire en forme d’entonnoir tronqué, appelé billard du colonel Pein pendant la colonisation, trône au milieu de la steppe. Il porte actuellement le nom de Kalat Dhiab (la fortification de Dhiab), personnage épique de la geste hilalienne. Le mont Azzedine, en vis-à-vis, fait une parallèle presque régulière avec le Kerdada. Ils couvent à eux deux, la cité dans un écrin vert et ocre.

Au milieu du tableau, Bordj Essaâ (la tour de l’horloge) appelée anciennement Fort Cavaignac du nom du sinistre général de la colonisation, compère du général Pélissier, initiateur des enfumages des damnés du Dahra. Cette horloge égrènera le temps qu’aura duré la colonisation. La résistance de Benchabira sera réduite en novembre 1849, soit trois ans avant la réduction, par le salpêtre du canon des Zaâtcha. Plus bas se trouvait l’école des sous-officiers spahis (cavalerie) de l’armée française. Nombreux cadres de l’armée nationale (ALN) auraient fréquenté cette institution et beaucoup d’entre eux, l’ont désertée avec armes et bagages. Parmi eux, Lograda Belgacem «l’Indochinois» et Slimane Lakehal Alias «El Wahrani».

A gauche, l’ancien hôpital colonial reconnaissable à son acrotère saillant fait de gros blocs de pierre taillée. Cet hospice plus exactement, portait le nom du Dr Etienne Sergent, dont les travaux sur le typhus et le scorpionisme, ont fait école. A l’extrême gauche, la palmeraie déjà dense fait deviner les moulins Ferrero et en contrebas les moulins Serguine et Belamri, tombés en désuétude depuis longtemps. De proche en proche les deux minarets de la mosquée Cheikh Bachir El-Ibrahimi, rappellent au visiteur qu’il est en terre d’Islam.

Récidive architecturale de Messaoud Ben-Ziane, l’artisan maçon, elle est la modeste réplique de «Aya Sophia» d’Istanbul.

La démographie galopante qui a induit une «rurbanisation» effrénée, a fait surgir d’immenses îlots bâtis, épousant les escarpements du terrain. Les nouveaux quartiers s’appellent Koucha du nom d’un ancien four à chaux, haï El-Moudjahidine, Maitar et visible au loin, sur la route d’Alger, la nouvelle ville. Hideux conglomérat de cubes, prétendant à la modernité, il jure par son incongruité. Au pied du mont Azzedine se trouve une petite arête montagneuse qui comportait à son faîte, une table d’orientation. Cette table circulaire de plus d’un mètre de diamètre, indiquait toutes les directions: de La Mecque à San-Francisco et de Stockholm au Cap. Cette arête a cédé sous les coups de boutoir des brises-roches, elle disparaîtra un jour sous le flot d’une bétonnière ou dans le ventre d’un concasseur. C’est inéluctable!

Le beau bâtiment blanc aux boiseries vert-wagon, noyé dans un jardin luxuriant, n’est autre que l’hôtel Kerdada, ex-Transatlantique, ex-Le Petit Sahara, racheté et ouvert en 1913 par les soeurs Baille, filles d’un prétendu maire de Paris. Le regard glissera ensuite sur les terrasses des Ouled-Hamida, accroché par son minaret typique octogonal, «défi technologique» de deux artisans maçons, natifs du quartier, les défunts Ahmed Ben Ameur et Messaoud Ben-Ziane. En contrebas le quartier de Schorfa et la «kouba» de Sidi M’hamed Ben-Brahim. Le sanctuaire de l’Emir El-Hachemi se trouve dans une venelle, reliant la petite place du quartier à l’oued. Au milieu du tableau se dresse le ksar, constitué de El-Argoub et Achacha, vieux sites médiévaux, formant le premier noyau citadin. Vers la droite, Djemaâ Ennakhla, reconnaissable par le palmier qui jaillit à son entrée.

Cette petite mosquée est l’oeuvre du Saint Patron de la ville, Sidi Thameur Ben Ahmed, venu de Fez, dit-on. Elle aurait été construite au début du 16e siècle. L’hôtel Le Caïd et l’Institut des techniques hôtelières situés aux Mouamine, parachèvent la vue offerte au visiteur. Au loin et à l’extrême droite, les terres agricoles d’El-Madher s’étendent verdoyantes, contrastées par le sable. On dit que sa surface agricole utile serait de 30.000 hectares. Célèbre déjà par sa carotte et sa laitue, il est appelé à devenir le bassin laitier du Hodna. La route de Biskra serpente entre les dunes et les vergers de cultures de sol. Les dunes jadis culminantes, solidifiées par ensemencement végétal, sont présentement, définitivement fixées. Ces dunes ont servi au tournage de plusieurs films, dont «Le marchand d’esclaves» de l’Italien Anthony Dawson. La poursuite de la ballade, vous fera traverser la Déchra El-Gueblia (hameau sud) qui est née probablement, pour les besoins du travail de la terre et la production de lait. Il s’y trouvait d’importants élevages de bovins.

A hauteur du minaret des Ouled Hamida, une étroite piste muletière dévale, à travers les jardins aux clôtures tortueuses et aux portes grossières, faites de poutres de tronc de palmier. A sa mort le palmier fournit le «lagmi», jus blanchâtre et sirupeux d’une extrême douceur. Il est tiré du faîte du palmier. Le tronc servira à confectionner des poutres de bois aux multiples usages.

L’étroit gué fait enjamber l’oued vers la rive gauche accessible, cette fois, par quelques marches. La lourde cascade vaporise les gouttelettes d’eau qui emplissent l’endroit d’une légère brume. C’est Aïn Bensalem, endroit dont la fraîcheur est recherchée en période de canicule. Protégée des regards par une murette de pierres, on s’y «douche» en été. Les enfants barbotent dans son minuscule bassin. La montée de la côte raide aboutit à Sidi H’mida. Un plan du film de Cécil Blount de Mille «Samson et Dalila» tourné en 1948, fait remonter cette côte, à Victor Mature. A partir de cet endroit, on aborde la médina. En traversant Haouch-Lihoudi (le mas du juif), lieu colonial de débauche et plus tard de torture, on se dirige directement sur la place des Chorfa. L’unique maison à balcon qui s’y trouve, est celle de El-Aif, ancienne résidence de l’Emir El-Hachemi et de sa famille. Les jeunes Emirs Khaled et Mustapha, enfants adoptifs des Chorfa gambadaient avec leurs camarades du quartier. C’est probablement ici même que Salah Chouikh des Ouled Hamida, nouait-il sa relation avec l’Emir Khaled.

Surnommé Salah Ghandi plus tard, il était élu en juillet 1926, membre du bureau de l’Etoile nord africaine naissante (Ali Mahsas: Mouvement national de la Révolution P54). L’Emir El-Hachemi qui, à la fin de sa vie perdait la vue, passait le plus clair de son temps à enseigner à ses compatriotes les préceptes des sciences islamiques. Mort en 1902, il a été inhumé à quelques mètres de sa demeure occasionnelle. Ce lieu historique ne semble pas s’attirer les faveurs des conservateurs et des historiens. A partir de là, on peut regagner le centre de la ville par la rue des forgerons, où l’art de l’artisanat martial était très développé. On y ferrait les chevaux et façonnait les charrues et les faux. Le couteau bou-saâdi est né dans ses forges à soufflet en peau de chèvre. La mosquée des Chorfa fait la jonction avec les Achacha (huttes?) et El-Argoub (le promontoire?).

La vieille mosquée du ksar rappelle étrangement les mosquées ibadites. Les ruelles étroites permettant à peine le passage de deux personnes, sont cassées par des encoignures et des impasses. Elles ne sont jamais rectilignes, l’objet qu’elles remplissaient participait probablement d’un souci défensif contre les agressions et les razzias. Beaucoup de quartiers disposaient de portes massives à l’entrée principale qui étaient closes la nuit tombée. La cité se prémunissait des attaques de tribus bellicistes ou de brigands écumant la steppe.

Longeant la mosquée, une petite rampe descend vers la rue appelée anciennement Rouville. C’était le quartier des ferblantiers et plombiers juifs. Accoutrée à l’arabe, la communauté juive était placée sous la protection d’un notable. Elle portait toujours le nom de son protecteur. Pratiquant librement son culte dans une synagogue, dont les vestiges sont toujours présents, elle ne faisait l’objet d’aucune discrimination. Elle le rendit mal à ses hôtes en optant pour le nouveau statut que lui offrait Crémieux.

En descendant à droite, c’est Bab Loubib, résidence de vieilles familles autochtones et entrée sud des Mouamines. Le parcours aboutit à la mosquée de Sidi Thameur ou de Ennakhla, plus vieille construction de la médina. Cet ouvrage séculaire, restauré à plusieurs reprises par la seule volonté des riverains, risque de disparaître à jamais si une action salvatrice de grande envergure, ne vient pas le soustraire à l’injure du temps. Accessible par une tonnelle voûtée, faite de matériaux locaux, la salle de prière d’une simplicité ascétique, inspire le recueillement et la sérénité. Son plafond de bois et ses colonnes étonnent par l’équilibre et l’harmonie des formes. Le mortier de chaux et de sable protège la brique de terre séchée. Ce matériau doux en hiver et frais en été, permettait de lutter contre les hivers rigoureux et les étés torrides. La main de l’homme est visible, à travers le lissage irrégulier des murs ou la grossièreté de la taille du bois. Point de rectitude, tout est fait d’ondulations, une symphonie de formes.

En quittant les lieux, la ruelle se termine par la fontaine éponyme et aboutit à la grande rue des jardins, de récente création. L’armée coloniale créait ainsi cette saignée pour priver les fidaïne de la protection des jardins. A droite, elle mène vers le «verger du commandant» et au Saf-Saf (ex-promenade des écoliers) à gauche vers Ennader (la meule de foin). On y trouve un petit cimetière où sont enterrés les membres de quelques vieilles familles du quartier. En remontant la rue, on y découvrira Aïn Mouamine, borne fontaine d’une eau pérenne, qui remonterait à des temps immémoriaux. Des jeunes, soucieux de conserver leurs attaches culturelles, ont réhabilité ces deux fontaines. A gauche, la rue qui monte se subdivise en deux, telle des ciseaux, la branche supérieure est l’ex-rampe Wagner et à son sommet l’église catholique. La branche inférieure est la rue où se trouvait, la maison d’Etienne Dinet. Rachetée et restaurée, elle abrite actuellement le Musée national du même nom. Au bout de cette dernière se trouvait le centre de torture des DOP de sinistre mémoire. Cette unité opérationnelle spoliait la famille Legoui de son bien patriarcal. Nous sommes au pied de l’ex-Fort Cavaignac, sa butte inférieure est l’actuel sanctuaire de chouhada qui abrite près de 250 sépultures. La petite ruelle de gauche près de la mosquée vous conduira à Rahbat Mouamine. Pavée de galets, cette place recevait les grandes cérémonies communautaires. Il s’y trouve le plus vieux bain turc, hammam Boughlam. La coupole de sa chambre chaude serait confectionnée par un magma de plâtre et d’ouf, dit-on. L’étroite ruelle, côté sud, vous fera découvrir la mosquée ibadite, «cachée» dans une échancrure. A partir de là, c’est Rahabat El-Bayadh. Petite place où un ou deux cafés maures servaient le café turc ou djezoua. Les clients jadis assis sur des nattes d’alfa, y jouaient aux dominos en sirotant leur café djezoua ou leur khordjelan. Le voyageur s’y couchait pour passer la nuit. Nous sommes maintenant au coeur de la ville, l’ex-place du colonel Pein, (encore lui!) est devenue la place des Martyrs. On y a jeté en 1957, les corps de 14 combattants de la liberté. Elle recevait les cirques «Amar» et «Bouglione», probablement à une ou deux reprises, à l’orée des années cinquante.

La place, ceinte d’arcades, est le lieu d’échanges commerciaux et de palabre. Ses échoppes gardent quelque survivance des métiers de savetiers, de couturiers et de brodeurs de burnous assis en «tailleur». Les jours de marché, le médah ou goual s’installait à même le sol pour chanter les odes épiques de Béni-Hillal. Benamar Bakhti immortalisait cette image, par le rôle que jouait Athmane Ariout dans «Le clandestin». Les sons de la viole ou de la flûte se sont estompés sous la cacophonie des mégaphones et des chaînes stéréophoniques de musique de bas étage. Ce lieu historique a constitué la ligne de démarcation entre l’Orient musulman et l’Occident chrétien, représentés localement par la médina et le quartier européen. La première école française implantée par le cercle militaire voyait le jour en 1855. L’officier chargé de ce cercle réclamait l’école française pour contrecarrer «l’école des talebs» qui, disait-il, ne faisait que retarder la pénétration coloniale. Elle a été justement implantée là pas loin de la garnison et ce n’était pas innocent! Elle portera plus tard le nom de Lucien Challon, ancien directeur de la même école. Elle porte présentement le nom du Saint Patron de la ville. Son cours complémentaire eut un illustre élève en la personne du défunt Mohamed Boudiaf, père historique de la Révolution armée. Les hôtels d’Orient et de l’Oasis, sur la place, tenus par la juiverie, offraient au prolétariat pied noir un lieu de villégiature ersatz. La rue de la République, ex-Gaboriau du nom d’un capitaine de la conquête française, appelé de Médéa en renfort pour réduire la résistance, vous permettra une pause à la Ramlaya. Les marchands de «souvenirs» y foisonnaient. Elle était la halte des autocars en partance ou en provenance de la capitale. On attendait «le journal» au mythique «café d’Alger». En 1957, elle fut le théâtre du massacre nocturne de cinq (5) détenus, en représailles à une embuscade tendue la veille par des fidayïn. On y tourna aussi des séquences de «Silène», de «Septembre noir» et de bien d’autres films.

Les hôtels Beau Séjour et Le Sahara, dans le quartier européen desservaient probablement une classe moyenne, formée d’instituteurs et de fonctionnaires subalternes. Le Transat et Le Caïd, plus huppés, satisfaisaient aux desseins de libidineux roturiers et aux besoins de détente de vieilles rhumatisantes argentées sur le retour. Erigés en lieux d’observation d’une «faune» indigène, ces établissements hôteliers ouvrirent la voie à la dépravation morale et la beuverie collective. Le petit «yaouled» morveux et crépu, jubilant en recevant la pièce, ajoutait un zeste de piquant à la couleur locale.

Le tourisme colonial était aux antipodes du tourisme culturel ou de découverte. Le tourisme de type exotico-pittoresque participait délibérément à l’humiliation d’une communauté fière mais brisée par la domination coloniale. Celle-ci, se réfugiait dans son accoutrement traditionnel représenté par le burnous, le repli sur la mosquée et l’enfermement dans la langue de ses aïeux. Le couteau bou-saâdi, relique guerrière, devenait un banal article artisanal. Au recouvrement de la souveraineté nationale, la cité ne comptait pas moins de 14 mosquées et écoles coraniques. Le syndrome de Khadra, livre et fameux tableau de Dinet, découvert à Paris, par les tenants de la culture éthnico-anthropologique, n’aura été pour la cité du bonheur, qu’une fugace maladie infantile.

Source Le Quotudien d’Oran

Le Pèlerin

Sud Algérien - Le Tassili N’ajjer et l'art rupestre

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Tassili N’ajjer: aux sources des premières formes d’expressions artistiques et scripturaires signifiantes
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De plus en plus de chercheurs de diverses disciplines qui se penchent sur l’étude des cultures traditionnelles populaires, allant jusqu’à vivre des années parmi les peuplades africaines, comme l’Anglais Jack H. Driberg (14 ans parmi les peuples du Soudan et de l’Ouganda) afin de recueillir les éléments oraux, entre autres, les plus divers de ce riche patrimoine ancestral, y compris ce qui a trait à l’archéologie, l’art pariétal, les peintures rupestres... etc.

Faut-il rappeler que «l’apparition du livre est liée aux supports de l’écriture», comme le note Albert Labarre dans son «Histoire du Livre» ? Parmi ces supports, «le plus ancien semble être la pierre, depuis les pictographies rupestres jusqu’aux stèles et inscriptions de l’ancien Orient et de l’Antiquité classique (...)». L’étude de ces «textes», revêtant une valeur documentaire évidente, a suscité la discipline de l’épigraphie, mentionne notre auteur dans son intéressante «Histoire du livre» (Collection Que sais-je ?, PUF, Paris 1970, Dahlab, Alger 1994). Discipline, entre autres, qui a permis d’explorer des univers artistico-culturels antiques inconnus jusqu’ici...


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Dans le cas de notre pays l’Algérie, un témoin à ce jour de ce monde antique ancestral enfoui n’est autre que l’immense plateau du Tassili N’Ajjer. Autrement dit cette forme ancienne, préhistorique, de discours émotionnel, «artistico-littéraire», à sa manière, des temps anciens, ou formes traditionnelles de communication artistique et spirituelle qu’est l’art protohistorique de l’écriture idéographique et pictographique des parois rocheuses antiques de l’immense plateau du Tassili des Ajjer. Car, ce majestueux musée préhistorique, à ciel ouvert, comme le qualifia son découvreur Henri Lhote, avec ses innombrables gravures rupestres, motifs constellés et fresques diverses, exprime à sa manière, en un riche langage iconographique, hautement coloré et élaboré, toute la panoplie des croyances, préoccupations, modes de vie et de pensée de notre ancêtre l’»Homo sapiens», nous dévoilant notamment son univers magico-religieux, émotionnel, artistico-artisanal, voire idéologique, éducatif, et mythologique surtout, inhérent à ce paradigme culturel et civilisationnel évanoui de l’ère protohistorique.

Comme le souligne Julia Kristeva à propos du graphisme primitif en général, cet art pariétal est incontestablement porteur de sens langagier: «(...) pour nous, sujets appartenant à une zone culturelle dans laquelle l’écriture est phonétique et reproduit à la lettre le langage phonétique, il est difficile d’imaginer qu’un type de langage - une écriture - ait pu exister et existe aujourd’hui pour de nombreux peuples, qui fonctionne indépendamment de la chaîne parlée, qui soit par conséquent non pas linéaire (comme l’est l’émission de la voix), mais spatiale et qui enregistre ainsi un dispositif de différences où chaque marque obtient une valeur d’après sa place dans l’ensemble tracé. Ainsi, dans les grottes de Lascaux, on peut remarquer les rapports topographiques constants entre les figures des animaux représentés (...) D’après Leroi-Gourhan: «une part importante de l’art figuré relève de la «picto-idéographie», manière synthétique de marquage qui, tout en représentant des images (latin: pictus, peint, représenté), transmet une «conceptualisation», ou plutôt une différenciation et une systématisation irreprésentables («idée»). Ce type d’écriture n’est pas une simple transposition du phonétisme et peut-être même se construit de façon tout à fait indépendante de lui, mais elle ne constitue pas moins un langage» [...]. De tels dispositifs spatiaux semblent constituer le support graphique matériel, et par conséquent durable et transmissible, de tout un système mythique ou cosmique propre à une société donnée, on pourrait dire que ces graphismes mi-écriture mi-représentation «artistique», magique ou religieuse, sont des mythogrammes. D’autre part, «la multi-dimensionnalité» de ces graphismes s’observe dans nombre d’écritures non alphabétiques, comme en Egypte, en Chine, chez les Aztèques ou les Mayas. Les éléments de ces écritures [...] peuvent être considérés comme des pictogrammes ou des idéogrammes simplifiés, dont certains obtiennent une valeur phonétique constante [...]. Telle est l’écriture hiéroglyphique égyptienne, dans laquelle chaque pictogramme a une portée phonétique [...] (Julia Kristeva in «Le langage cet inconnu», Ed.. Seuil, Paris 1974).

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On peut citer également en guise d’exemple de ces «écritures ancestrales», celle des Australiens Churingas qui traçaient de façon abstraite les corps de leurs ancêtres et leurs divers environnements. D’autres trouvailles paléontologiques confirment la thèse selon laquelle les premières écritures marquaient le rythme et non la forme d’un processus où s’engendre la symbolisation, sans devenir pour autant une représentation. Autrement dit, ces «représentations humaines» qui perdent leur caractère «réaliste» et deviennent «abstraites», construites à l’aide de triangles, de carrés, de lignes, de points, comme sur les parois du Tassili ou des grottes de Lascaux, constituent l’ébauche d’un langage iconographique préstructuré.

Abondant dans ce sens, le chercheur suédois en arts dramaturges, George Cristea, écrira à propos des gravures rupestres du Tassili:» Chaque rocher gravé et chaque paroi de grès peinte représente une page d’un ouvrage où des maîtres de la préhistoire inconnus ont inscrit, en l’absence de l’alphabet, par des images, la chronique souvent bouleversante de leur vie quotidienne» (in: Eléments de manifestation dramatiques dans le Sahara mésolithique et néolithique, éditions ILVE université d’Oran, Algérie 1990). Ce qui semble évident c’est l’utilisation de ces images, motifs - signes et figures symboliques, entre autres, comme éléments langagiers, ou supports pédagogiques, servant à des cérémonies de chasse (pratique de la simulation tel qu’on simule l’action virtuellement de nos jours sur nos ordinateurs ?) ou qui sont utilisés pour des rituels religieux, et initiations éducatives, sexuelles notamment, comme le suggère la présence de points de scarifications sur des figures féminines (site de Aourent). D’autres corpus de motifs suggèrent des cérémonies magiques ou des festivités organisées de mains de maître, à la manière des grands spectacles chorégraphiques modernes !...

Nous avons un exemple similaire probablement de ces peintures rupestres antiques dans le Wezda du Zimbabwe, et à propos desquelles la chercheuse Jacqueline Roumeguere-Eberhardt note: «(...) les animaux si abondants sur cette paroi représentent les groupes totémiques et la morphologie, connotant tous les grands événements historiques tels que batailles, alliances (véritable apprentissage de récits d’événements à lire (...) à travers cette sténographie symbolique, support d’un savoir détenu par les gardiens des traditions et que possède également l’instructeur spécialisé dans l’enseignement de cette histoire» (in Le signe du début de Zimbabwe, Ed. Publisud, Paris 1980).

Ce qui semble montrer clairement que le graphisme imagé, ou les motifs, signes, figures ou tout autres formes d’expression symbolique - ou idéographique, étaient utilisés dès l’aube de l’humanité à des fins pédagogiques, rituelles, sociales, magico-religieuses... etc., lors des cérémonies d’initiations dans les sanctuaires consacrés. On pourrait citer à côté de cette forme d’écriture antique tassilienne, l’écriture africaine ancestrale «N’sibidi» ou celle aztèque des Mayas, et autres formes hiéroglyphiques surgies après, qui narraient le vécu complexe de nos ancêtres «primordiaux» (convient-il de dire et non pas primitifs, car ayant été les grands initiateurs de la civilisation souvent ignorés) tout comme on pourrait évoquer le legs culturel de ce langage ancestral du tatouage corporel qu’on retrouve un peu partout à travers le globe et dont les signes ou motifs singuliers «identificatoires» ( ?) picotés sur les corps témoignaient vraisemblablement du symbole totémique d’appartenance tribale, clanique, patrilinéaire ou matrilinéaire... le motif-signe servant de la sorte de moyen de repère et d’identification, de balisage du tissu social, c’est-à-dire de moyen langagier qui servait tout autant pour d’autres formes d’expression et de communication.

«Bien avant l’apparition de l’écriture, l’art visuel véhiculait la mémoire de l’homme; et il en est toujours le dépositaire», écrit Emmanuel Annati (un des meilleurs spécialistes mondiaux dans ce domaine), dans son récent ouvrage «Aux origines de l’art» (Ed. Fayard, Paris 2004), observant par ailleurs, que l’art qui préexistait à l’apparition de l’écriture a engendré celle-ci, puis a accompagné les développements du langage et de la technique jusqu’à nos jours... «L’art révèle l’essence des processus cognitifs de l’esprit humain. Le comprendre, c’est comprendre la société qui l’a produit, et plus encore l’homme», conclut E. Annati. C’est à partir de trois catégories de signes repérées dans les arts, abstraits et figuratifs, de l’homme préhistorique et tribal (les pictogrammes, les idéogrammes et les psycho-grammes) que les explorateurs décryptent, généralement, ces «processus cognitifs». Les thèmes les plus souvent privilégiés par ces modes d’expression, et qu’on retrouve un peu partout à travers les sites de gravures rupestres du globe, concernent les préoccupations liées à la nourriture, le territoire et la sexualité. Ces représentations véhiculent incontestablement des «messages», nous dit Emmanuel Annati, et en plus des préoccupations matérielles, des «révélations spirituelles», comme le témoigneraient vraisemblablement, ce que d’aucuns ont qualifié de «Sixtine de la préhistoire» de Lascaux, ou les détails témoignant de l’existence d’une riche mythologie du plateau du Tassili N’Ajjer d’Algérie.

Notons également ce qu’écrit Albert Labarre à propos des origines du livre, en rappelant notamment que c’est seulement «entre le IXème et le IVème millénaire avant notre ère que l’écriture s’est constituée. On peut considérer comme une démarche préliminaire l’art rupestre des hommes de l’époque glaciaire, dans lequel l’image devient peu à peu signe par la schématisation. Puis cette image-signe évolue; de la pictographie naissent tous les vieux systèmes d’écriture: cunéiformes sumériens, puis mésopotamiens, hiéroglyphes égyptiens, créto-minoens, hittites, caractères chinois; c’est le stade des idéogrammes où les représentations ne suggèrent plus seulement des objets, mais aussi des idées abstraites. Dans une étape postérieure, l’écriture s’accorde peu à peu au langage pour aboutir aux signes phonétiques qui sont des symboles de sons: il y a d’abord les systèmes où chaque son correspond à un signe (aux Indes par exemple), puis des systèmes syllabiques, enfin des écritures consonantiques qui se développent à travers le Moyen-Orient pour aboutir à l’alphabet, en Phénicie, peut-être dès le XVIème ou le XVème siècle avant J.-C. Au IXème siècle avant J.-C., les Grecs adoptent l’alphabet phénicien, y ajoutent les voyelles et ordonnent l’écriture de la gauche vers la droite: c’est de cet alphabet que sont issus l’alphabet latin et les alphabets modernes» (in Histoire du livre, chapitre 1, p.7, collection «Que sais-je ?», PUF, Paris 1970, Dahlab, Alger 1994).

Cette «écriture pictographique» antique reflétait ainsi, à sa façon, selon son mode d’expression spécifique recourant au signe iconographique, pictographique ou idéographique, divers aspects du vécu de nos ancêtres que des recherches suivies permettront, un jour peut-être, d’en dévoiler l’extraordinaire richesse enfouie en ce vaste patrimoine culturel et artistique préhistorique, notamment le symbolisme ayant trait au totémisme qui y prévalait comme le laissent suggérer nombre de figures pariétales. Ce qui permettra également de mieux identifier les peuplades et tribus autochtones, ou les premiers ancêtres d’aspect négroïde selon les anthropologues, ou la préhistorienne algérienne Malika Hachid qui, dans ses recherches méritoires, évoque ces héros civilisateurs du Maghreb d’origine subsaharienne, c’est-à-dire noire africaine, issus d’une brillante civilisation négro-africaine au Sahara, cinq mille ans avant les pyramides ! Autochtones négroïdes primordiaux attestés par des scientifiques et auxquels ont succédé les Berbères, et c’est surtout avec ces derniers que le Maghreb est entré dans l’Histoire: chaotique à ses débuts, mais qui se devait se fondre dans la grande épopée du monde antique, médiéval et au-delà par la suite, et qui vit s’interpénétrer et se féconder l’Africanité, l’Amazighité, l’Arabité-Islamité et la Méditerranéité, paramètres culturels-identitaires diversifiés et convergents, ou à la fois distincts et complémentaires constitutifs de l’Algérianité en son devenir synthétique évolutif historique, accoucheur de cette synthèse historique de l’unité dans la diversité consacrée de la culture plurielle mosaïcale homogénéisée de l’Algérie, soit la RADP ou la République Algérienne Démocratique et Populaire: dénomination géniale des historiques prévenants, qui renvoie justement à toute une orientation moderne, ouverte et pluraliste, aux antipodes des partis pris déviants des cultures sectaires, chauvines, extrémistes ou impopulaires des uns et des autres égarés de l’histoire, cultivant sournoisement ou inconsciemment les germes de la discorde, de l’exclusion et de l’exil forcé, intérieur ou extérieur, des compétences nationales ou forces juvéniles d’un pays plein de promesses, de confraternité et de prospérité citoyenne générale pourtant !

Source Le Quotidien d’Oran

Le Pèlerin

 

Parviendra-t-on un jour à déceler le sens premier et la fonction de peintures ou de gravures du Hoggar et du Tassili

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Art rupestre dans les Tassilis :aux sources de l'animisme africain
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Avec sa pensée empirico-logique, l'Occident parviendra-t-il un jour à déceler le sens premier et la fonction de peintures ou de gravures jugées irrationnelles, si d'autres systèmes de pensée lui demeurent étrangers ou inaccessibles ? Si Homo sapiens sapiens, ce mammifère au cerveau non programmé, est bien destiné à ordonner son propre désordre individuel et collectif, on doit regarder l'art, depuis les origines, il y a 40 000 ans, comme l'expression universelle de l'acceptation de la condition humaine, comme le besoin d'organiser la vie, d'apprivoiser la mort et d'établir des correspondances entre la nature et le psychisme, en reliant le visible et l'invisible… C'est dans cette perspective que François Soleilhavoup, qui étudie depuis plus de vingt ans les peintures et gravures tassiliennes, a publié aux éditions Transboréal Sahara. Visions d'un explorateur de la mémoire rupestre.
Où qu'il se trouve, l'art rupestre préhistorique est porteur de messages et d'interrogations sur la place de notre espèce dans la nature et sur les moyens de rendre supportable notre brève existence terrestre. Selon les lieux, les époques et les cultures, sa signification nous apparaît d'autant plus impénétrable qu'à la différence des arts historiques, il est définitivement coupé du discours. En classant dans le temps et en étudiant les manifestations de cet art d'avant l'écriture, nous recherchons l'énigme de la singularité de notre espèce, de l'unicité des origines de notre pensée symbolisante, de la diversité foisonnante des racines culturelles. Signes, symboles, figurations précises de l'homme et de l'animal voisinent avec des représentations d'êtres chimériques ou irréels : le champ graphique de l'humanité préhistorique est immense.
L'art des « Têtes rondes »
S'il est un style de l'art saharien ancien qui résiste le plus à toute tentative d'interprétation sémiologique et même palethnologique, c'est bien celui qu'on a pris l'habitude de qualifier ainsi de façon lapidaire, à cause de la présence de personnages peints avec une tête discoïde, munie ou non d'appendices externes ou de décors internes géométrisés. Ces peintures anthropomorphes très particulières, souvent accompagnées d'animaux réels ou fantasmagoriques, se trouvent en réalité circonscrites dans une aire géographique relativement réduite du Sahara central : dans la zone centrale du Tassili-n-Ajjer (Algérie), au nord-est du massif de l'Ahaggar (Hoggar), au cœur de grands sites ruiniformes comme Séfar ou Jabbaren, dans la partie centrale et méridionale, du massif tassilien voisin de l'Akakus (Libye) et – les explorations en cours sont en train de le révéler – dans la région de l'Aramat, aux confins nord-orientaux du Tassili, dans le sud-ouest libyen.
Bien que controversée, la position de cet art, dans la séquence chronologique générale du Sahara, est ancienne, peut-être vers 6000 ans avant nos jours. Par ses caractères iconiques hautement spécifiques, par l'apparence négroïde d'un certain nombre de ses représentations humaines, par la théâtralité des rituels mis en scène et l'atmosphère de magie ou de possession qui en émane, il pourrait ne refléter qu'une tradition socio-religieuse locale à l'intérieur d'une culture paléoafricaine d'essence animiste plus largement répandue dans le centre du Sahara, au temps où les conditions climatiques étaient moins arides. D'après les superpositions de figures, Henri Lhote (À la découverte des fresques du Tassili-1973) a distingué sept « styles » différents dans cette « école ». On devrait plutôt y voir des genres distincts qui expriment diverses thématiques dans une même période culturelle.
Depuis deux ans, six abris sous roche ont été découverts, dont les parois portent des peintures qu'on peut attribuer à ce chronostyle, lato sensu. Loin d'apporter des réponses, ces nouvelles images élargissent encore nos interrogations sur les finalités de leur réalisation et sur leur portée culturelle. Cependant, dans cette région comme dans d'autres centres rupestres, plusieurs indices concordent…
L'hypothèse de pratiques « chamaniques »
Considéré comme « l'un des grands systèmes imaginés par l'esprit humain, dans diverses régions du monde, pour donner sens aux événements et pour agir sur eux » (Michel Perrin - Que sais-je ? 1988), le chamanisme peut revêtir des aspects fort différents selon les lieux et les cultures. Il possède cependant un trait commun, fondamental, le « commerce » entretenu avec les esprits par un personnage hors du commun, le chaman, qui, par divers moyens et techniques, par exemple la transe, peut modifier « à volonté » ses états de conscience pour accéder au monde invisible, pour « négocier » avec les esprits et rétablir des équilibres rompus dans sa communauté, individuellement ou collectivement. Le chaman, à la fois psychologue et thérapeute, est en même temps un homme (ou une femme) de pouvoir, au moins spirituel.
Le chamanisme repose sur une conception animiste, bipolaire, en ce qu'il considère que dans la nature, dont l'homme n'est qu'un des éléments, tous les êtres et les choses possèdent des « âmes » et que les manifestations et le sens de ce monde-ci sont donnés par le monde-autre, celui des esprits.
Selon cette conception, de nombreuses représentations dans le style des « Têtes rondes » exprimeraient la relation avec le monde des esprits personnifiés ou métaphorisés par des êtres humains ou animaux, ou bien l'accès au monde invisible par le « voyage chamanique », ou encore les rituels collectifs qui lui sont associés et même les attributs ou instruments du chaman.
 Un système symbolique aux codes précis et récurrents
 Dans l'abri 1 du wadi Aramat, parmi de nombreuses peintures du néolithique pastoral, ou protohistoriques (période du cheval), un ensemble de points à l'ocre rouge, sur le plafond et sur la paroi, groupés en structures géométriques à éléments de symétrie, en lignes doubles qui pénètrent dans une anfractuosité, ou partant de plages d'altérations naturelles de la roche, pourrait correspondre aux manifestations graphiques de relations entre ce monde-ci et l'autre, présent dans la roche ou derrière. De tels dispositifs pariétaux existent en Europe dans des cavernes du paléolithique.
Les célèbres personnages « flottants » dans un abri de Tin-Tazarift, au Tassili-n-Ajjer, maintes fois décrits et illustrant nombre de publications, peuvent évoquer la sortie du corps du chaman, sa lévitation ou « voyage » vers le monde-autre.
À Séfar, une scène complexe associe un grand animal mythique, des personnages en posture d'orants et d'autres à tête (masque ?) bilobée, des formes circulaires munies de franges qu'on pourrait rapprocher des tambours chamaniques à peaux décorées, instruments utilisés comme moyens d'accès à la transe et véhicule symbolique du chaman.
La fresque du grand abri de Ta-n-Zoumaïtak rassemble des caractéristiques semblables. En dépit de la diversité des sujets qu'on y voit, animaux, humains et formes d'apparences non figuratives, l'unité stylistique de l'ensemble est remarquable. L'un des thèmes récurrents dans l'art des « Têtes rondes », le mouflon, est ici associé à un animal chimérique, peut-être une métaphore de l'Esprit du mouflon, et à une forme ovale qui évoque, là encore, un tambour chamanique. Dans cette hypothèse, les motifs en chevrons sur la peau résonnante, ainsi que les lanières qui pendent, sont comparables aux instruments utilisés de nos jours, ou à ceux qu'on peut voir dans les musées d'Asie centrale, par exemple à Minusinsk.
Considérées dans leur ensemble, plusieurs fresques dans le style des « Têtes rondes » rassemblent des mythèmes, c'est-à-dire des assemblages d'images qui peuvent revêtir des formes ou aspects divers, sans pour autant changer de signification (transformations métonymiques) – ce qui ne contredirait pas l'idée de pratiques chamaniques dans des communautés animistes où le rêve est à la fois support et moteur de la dynamique sociale. Ainsi, vus comme un « art du rêve institutionnalisé », ces mythèmes pourraient correspondre à une construction logique de l'irrationnel dans un système de pensée magico-religieuse et à fins thérapeutiques.
Depuis un demi-siècle, il a beaucoup été écrit sur cette période de l'art préhistorique du Sahara, encore bien énigmatique. Une « relecture » élargie, sans cartésianisme excessif, ne pourrait cependant que nous aider à mieux comprendre l'organisation mentale, sociale, culturelle des populations sahariennes du passé et sans doute de mieux situer leur art dans le continuum spatio-temporel des sociétés chamaniques traditionnelles…
Source Clio.fr
Le Pèlerin
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