Algérie - La truffe du désert fait une entrée triomphale sur le marché algérois
Confinée
depuis toujours dans les régions sahariennes où elle pousse à l'état sauvage, la truffe du désert («Terfas») a fait, ces derniers temps, une apparition remarquée dans certains marchés d'Alger, au
grand bonheur de nombreux Algérois qui ne connaissaient ce tubercule que de réputation.
Depuis
quelques semaines, en effet, ce type de truffe, dans ses différentes variétés, est pour la première fois proposée à la vente par nombre de marchands de fruits et légumes en plusieurs points de la
capitale. C'est le cas, notamment, de Djamel, un marchand de fruits et légumes installé à la cité «Les Sources» sur les hauteurs d'Alger, qui propose les deux variétés de ce légume, blanche et
noire, à 500 dinars le kg. Rivalisant, de par son tarif, avec les fruits exotiques ou les fruits hors saison tels que le kiwi, la mangue ou encore le raisin, la truffe n'en trouve pas moins
acquéreur chez une clientèle apparemment très peu regardante sur les prix, du moment qu'elle cherche d'abord à satisfaire une curiosité gustative. Djamel affirme, heureux, qu'il écoule entre 15
et 20 kg de «Terfas» par jour auprès de clients de niveau social différent et dont certains ne savent même pas à quelle sauce accommoder ce tubercule qui rappelle une pomme de terre difforme et
qu'ils voient pour la première fois. Aussi, n'hésitent-ils pas à demander des recettes de cuisine au marchand qui se transforme volontiers, pour la circonstance, en authentique cordon bleu,
conseillant des «omelettes aux truffes», des «piperades» et autres ragoûts aux truffes. «On peut même préparer du couscous avec!», lance-t-il pour tenter de persuader les derniers réticents à
délier leur bourse et acheter une petite livre de Terfas, histoire de connaître la saveur de ce tubercule, proposé sous d'autres cieux dans les restaurants de luxe et pour les grandes occasions,
même si la truffe des bois de l'hémisphère nord est différente de celle du désert, en étant tout aussi «noble». D'évidence, le marchand tire profit d'une publicité sur la truffe qui, ainsi, ne
connaît pas de frontières. Le «bouche à oreilles» a suffi pour orienter la clientèle vers les points de vente implantés aussi, selon des témoins, dans les marchés du 1er Mai, d'El Harrach, de Ben
Aknoun et de Blida.
Un produit nouveau, éphémère et périssable donc cher
L'écoulement rapide de cette marchandise périssable demeure, pour le moment, le seul souci des commerçants qui sont
approvisionnés, une fois par semaine, par des colporteurs en provenance des régions de récolte, dans les Hauts Plateaux et certaines régions du Sud. Il est à signaler, à cet égard, que la truffe
noire possède une longévité d'un mois, si elle n'est pas exposée à la chaleur, alors que la blanche peut présenter des avaries au bout d'une semaine d'exposition. Djamel estime, cependant, que
cette première expérience «vaut la chandelle» car elle va servir à jauger le niveau d'engouement de la clientèle pour ce nouveau produit qui a pénétré le marché algérois en raison d'une poussée
exceptionnelle causée par une bonne pluviosité cette année. «C'est d'ailleurs parce qu'il est nouveau que le produit est cher sur le marché algérois. Au Sud, son prix a chuté parfois jusqu’à 100
dinars par kg», a-t-il expliqué. L'idéal, selon lui, serait d'organiser le ramassage, la collecte et le convoyage du produit dans le cadre du marché national des fruits et légumes, afin notamment
de mieux gérer son prix et d'éviter sa déperdition. Il s'est demandé, toutefois, si cela est possible au vu du caractère éphémère de ce champignon dont la production reste soumise de surcroît aux
aléas du temps. Aussi a-t-il saisi cette apparition, aussi brève soit-elle, de la truffe à Alger, pour prendre le pouls du marché comme il le fait avec les produits exotiques. La truffe sauvage
du désert est un champignon qui pousse sous le sable et la roche dans les régions semi-désertiques comme les Hauts Plateaux et la région du M'zab, caractérisée par son sol rocailleux. Elle est
déterrée généralement entre les mois de février et d'avril de chaque année pour être rapidement écoulée. Son essence aux riches senteurs, sa valeur nutritive et les pouvoirs aphrodisiaques que
l'on veut bien lui attribuer semblent justifier sa réputation et son... prix.
Source Le Financier
Le Pèlerin