«Une certaine appréhension à l’approche des élections»
-Cette rupture virtuelle entre Mozabites et Arabes est nettement perceptible quand on se trouve à Berriane. Pourquoi en est-on arrivé là ?
Cette rupture est l’effet direct des malheureux évènements qui ont endeuillé notre ville. Ceci dit, des contacts existent entre les communautés même si le dialogue est encore timide. Il faut rappeler que le mal est profond et lent à cicatriser. En tant que président de l’APC, je n’ai aucun problème, que ce soit avec les Arabes ou les Mozabites et c’est là l’essentiel. Nous essayons d’organiser des rencontres, des dialogues intercommunautaires pour le bien de notre ville, en espérant qu’à l’avenir tout clivage sera dépassé.
-La charte élaborée en février 2010 a-t-elle été appliquée correctement ?
Cette charte, élaborée en vue de renouer avec l’esprit d’antan, est actuellement bien appliquée. S’il existe çà et là quelques incidents, cela relève surtout de faits divers qui peuvent avoir lieu dans n’importe quelle localité à travers le territoire national. Cette charte a été une très bonne initiative et devrait servir d’exemple pour l’avenir, et pour d’autres communes où des problèmes identiques peuvent surgir. Et je ne parle pas que du M’zab.
-Pourquoi cette présence policière renforcée ? N’est-ce pas la preuve que vous craignez de nouveaux incidents intercommunautaires ?
Il s’agit d’un plan sécuritaire. D’ailleurs, grâce à la police, aucun débordement n’est à constater. Vous le voyez vous-même, la sécurité est présente à tous les points de passage, mais, progressivement, elle va diminuer. Même les fourgons sont moins présents, si ce n’est devant la daïra. La police est là pour prévenir, tout simplement, pas pour semer la haine et le désordre, et si elle joue bien son rôle, comme elle l’a fait jusqu’à maintenant, tout ne pourra que bien se passer.
-Beaucoup d’Arabes ont dit qu’ils n’osaient pas descendre dans la partie mozabite de la ville. Comment expliquez-vous cette peur de l’autre ?
C’est vrai, il subsiste encore cette peur mutuelle de l’autre, mais il n’y a aucun problème visible. Les Arabes et les Mozabites se croisent le plus normalement du monde à la mairie, dans les banques, à la poste. Il n’y a aucun dépassement. Toutefois, une certaine appréhension existe à l’approche des élections législatives et locales, même si l’échéance est encore loin, à mes yeux. Rappelons ici que les problèmes sont nés, en partie, des élections de 2007. Notre APC se doit d’être représentative, et ce, de la manière la plus équitable possible, de toutes les composantes de la commune de Berriane.
-En tant que président de l’APC de Berriane, quel message voulez-vous transmettre à l’ensemble de vos administrés ?
J’espère que tout ira pour le mieux. Nous voulons une réconciliation totale entre les deux communautés. Je demande aux habitants de Berriane de dépasser toute forme de clivage. Nous sommes avant tout citoyens de cette commune et Algériens. Nous recherchons également la paix sociale. Tout doit être mis en œuvre pour assurer logement et emploi pour tous les habitants sans aucune distinction, sans aucun favoritisme. Et pour cela, nous faisons le maximum. Pour Berriane.
Source El Watan Noël Boussaha
Le Pèlerin